Les virevoltants

¡ Estamos en Buenos Aires !

“Las ciudades son libros que se leen con los pies”. Quintín Cabrera (Uruguayo)

« Les villes sont des livres qui se lisent avec les pieds », a dit Quitín Cabrera. Je rajouterai, dans le cas de Buenos Aires : « avec les pieds mouillés » ! Enfin, surtout en ces 5, 6 et 7 septembre 2016, où l’hiver austral joue les prolongations, nous arrosant très généreusement et sans discontinuer dès la sortie de l’avion. C’est donc un ville toute grise, détrempée et glacée (9 degrés quand on vient de quitter l’été européen, c’est un peu raide) qui nous accueille au petit matin, après 14h de vol de nuit depuis Amsterdam. Juste avant l’embarquement, on a vu une souris se faufiler vers le couloir qui menait à l’avion. L’avion ayant Santiago comme destination finale, nous nous demandons toujours si la souris a pu embarquer, si elle a survécu à la pulvérisation de produit à laquelle on a eu droit avant de sortir, et si elle est descendue à Buenos Aires ou à Santiago… Marius et Aloïs étaient ravis de prendre l’avion pour la première fois et surtout de pouvoir regarder deux fois « Turbo l’escargot ». Hervé et moi étions moins ravis de constater que les avions sont toujours aussi inconfortables, même sur KLM.
Petite note pour la douane à l’arrivée : choisir la file et le scan tenu par la dame en train de se faire flatter par le douanier d’à côté. Non pas que nous transportions des marchandises illicites, mais les douanes argentines sont tatillonnes sur l’importation de toute marchandise (protectionnisme oblige), et nous avions une pompe de gavage et une durite dans nos bagages car nous les avions reçues après le départ du camping car.
Ensuite, après avoir attendu (en mangeant des empanadas au chaud) l’heure adéquate pour investir le petit appartement loué dans le quartier de Palermo, on a enfin pu se poser, déballer les affaires et prendre nos marques pendant que Marius et Aloïs regardaient Bob l’éponge en espagnol, absolument pas perturbés (ou alors trop jet-lagués).

Petites courses express en bravant la pluie et le vent (Aloïs tout content que je lui ressorte sa vieille doudoune préférée que j’ai pourtant longuement hésité à jeter avant de partir). On a réussi à faire patienter les garçons grâce à Tom Sawyer et à un bain qui a inondé la salle de bain lorsque la baignoire s’est vidée (c’est pas comme si l’appartement manquait d’humidité…) pour l’extinction des feux à 19h20 !
Le lendemain, tout le monde était réveillé à 5h du matin (10h en heure de Paris), il pleuvait toujours autant, et il faisait toujours aussi froid et sombre. On a attendu la dame de l’appartement qui est passée nous apporter une couverture de plus (les garçons ont dormi en polaire avec un plaid tout fin) et on est allés manger dans un joli resto végétarien (oui, ça existe au pays de la viande !) bien chauffé et sympa. L’après-midi, sieste générale, et on s’est aperçu au réveil qu’il n’y avait plus d’électricité de notre côté de la rue. Le courant est revenu au bout de 3h (il faisait presque nuit), mais du coup il n’y avait plus d’eau. Bon, c’est pas grave, au moins il y avait « Les Cités d’Or » sur le disque dur !

tant qu'il y a du dulce de leche...

tant qu’il y a du dulce de leche…

Mercredi 7 septembre, la bruine a remplacé la pluie, ça y est, on part à l’assaut du centre de Buenos Aires, car on doit aller chercher l’assurance du camping car qui nous permettra de voyager dans tous les pays du Mercosur (les pays qui ont une frontière commune avec l’Argentine) et les billets pour le ferry qui nous conduira en Uruguay lundi prochain. Donc, petit tour en métro, où les gens se lèvent systématiquement pour laisser des places assises aux enfants, ce qui contraste avec la rue où le piéton est totalement invisible, que ce soit pour les voitures ou les autres piétons. La Plaza de Mayo fait grise mine dans la bruine, même la Casa Rosada (le palais présidentiel) au fond a du mal à faire ressortir ses murs roses. Au sol, des foulards noués, symboles des tristement célèbres Mères de la Place de Mai, sont peints en blanc.

Casa Rosada sobre fondo gris

Casa Rosada sobre fondo gris

Les garçons sont tout contents de reconnaître le drapeau du Brésil, heu, non, de l’Argentine à peu près partout. Après être allés se tremper les pieds dans les flaques au pied de la statue du General Belgrano, on va voir la cathédrale qui a un sol en petits carreaux qui représentent des fleurs. Marius est impressionné par les épées rutilantes des gardes en faction devant le mausolée du général José de San Martin (pourtant mort à Boulogne sur Mer), héros de l’indépendance. Puis, en voyant une statue en stuc de Jésus sur un âne : « Jésus, il est mort il y a très très longtemps ? mais alors son âne aussi, le pauvre ! »

fleur-cathedrale A l’heure convenue, nous entrons dans un ascenseur plutôt antique pour récupérer notre assurance, puis nous remontons la rue piétonne Florida, pleine de magasins et de types qui répètent « cambio, cambio ». Le nouveau gouvernement a un peu ouvert l’économie mais il reste très compliqué pour les Argentins de changer des pesos en devises étrangères, et le change parallèle est donc encore très actif. Les garçons en ont déjà plein les pattes, alors on rentre vite après avoir acheté les billets de ferry auprès de Seacat.

Jeudi 8 septembre, il fait beau ! La ville est toute différente sous le soleil et nous partons vite faire courir les garçons dans un square de notre quartier, avec des grands arbres et des jeux. Evidemment, ce sont les plus grands car les enfants de leur âge sont à l’école. On continue avec le jardin botanique à côté, tranquille et fourni en essences de toutes sortes.

arbre-botanicoAprès avoir enfin mangé dans un restaurant carnassier, on voit une file interminable de jeunes (20-25 ans) qui attendent patiemment d’entrer dans le salon de l’emploi (et d’en ressortir avec de la techno plein le crâne et un petit sac jaune). La file serpente devant le bâtiment et déborde dans les rues voisines. Une dame de 83 ans nous arrête, les larmes aux yeux en nous demandant pourquoi tant de jeunes sont au chômage dans un pays si beau et si riche. Elle est espagnole et vit ici depuis plus de 50 ans, elle nous dit qu’elle a toujours travaillé, et qu’elle n’a pas d’enfant, mais que si elle en avait, elle se demanderait quel pays elle leur laisserait…

Puis on va au zoo à côté du jardin botanique. C’est un zoo à l’ancienne, qui a ouvert en 1888, et qui a connu plusieurs transformations jusqu’à aujourd’hui. Plusieurs parties sont en travaux car le zoo va devenir un « ecoparque» (ça sonne plus moderne). En tous cas, on est presque les seuls, les garçons peuvent courir autant qu’ils veulent. Les enclos et leurs animaux font un peu pitié, certains n’ont vraiment pas beaucoup de place… Les mieux lotis sont les maras, ou lièvres de Patagonie. Ce sont des drôles de bestioles, grosses comme des gros lièvres, avec le même genre de tête, mais des oreilles toutes petites, et des longues pattes. C’est la fierté de l’Argentine, et dans le zoo, ils vaquent librement.

étrange fusion

étrange fusion

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anciens bâtiments des fauves

maras

maras

Vendredi 9 septembre : grand soleil, aujourd’hui c’est l’expédition à Tigre. Cette petite bourgade se trouve en amont de Buenos Aires, au bout du delta du Rio Parana, qui se jette ensuite dans le Rio de la Plata. On y trouve un enchevêtrement de canaux et de petites îles. Son nom vient du fait que les colons européens qui s’y sont installés ont pris l’habitat naturel du jaguar, appelé « tigre » par ces colons. Donc, on prend deux trains, des genres de RER assez lents pour arriver là-bas. On pique nique sur le quai du port d’embarquement en attendant notre lancha colectiva pour aller jusqu’à Tres Bocas. Les lanchas sont des longs bateaux en bois qui amènent les insulaires chez eux, ainsi que leurs chargements en tout genre (sur le toit), notamment des bidons d’eaux potables car il n’y a pas d’eau courante sur la plupart des îles.

lancha

lancha

Au fil de l’eau, nous nous arrêtons au niveau de petits pontons de bois pour débarquer ou embarquer des collégiens, des familles, etc… On aperçoit des bateaux rouillés, des kayaks, d’autres lanchas.

chantier naval et parc d'attraction

chantier naval et parc d’attraction

épave

épave

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la station service du coin

la station service du coin

Nous débarquons à Tres Bocas, petit ensemble d’îles important qui a même une école. De là, on peut parcourir une partie du chemin à pied, en longeant la berge et ses petites maisons sur pilotis. Je me suis équipée de manches longues en prévision des moustiques, car il y a 8 ans, j’avais bien donné de ma personne avec Miss Crabe (qui se reconnaitra sous ce pseudo, non pas qu’elle ait une démarche de travers mais en raison de démêlés passés tragiques avec un crabe argentin…), mais nous n’avons pas du tout été embêtés cette fois-ci.

vous êtes ici

vous êtes ici

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un autre bras du rio

un autre bras du rio

pontonmaison
Le retour en lancha est bien chouette, la lumière de fin de journée est très belle et on est presque seuls sur le bateau (qui s’arrête en chemin près d’une berge bétonnée, un genre de vieux chantier naval pour permettre au copilote d’attraper une grosse bouteille de coca remplie de gasoil). Les garçons perdent en revanche leur enthousiasme lors des trains du retour, surtout lorsqu’on les presse pour changer de gare (c’est un peu la zone) alors qu’il fait déjà nuit.
Voilà pour le premier article ! La fin de Buenos Aires dans quelques jours…

una familia en lancha

una familia en lancha

12 reflexions sur “¡ Estamos en Buenos Aires !

  1. BUZENOT

    Oye, ¿has visto al « Señor Gustavo »? ¡Qué personaje curioso! ¿No? Una nariz así, un bigote increíble, listo para bailar el tango…

  2. Mamouna

    c’est déjà bien tout ça en une semaine! Les photos donnent envie. Je trouve que les maras ont un peu une tête de cheval, non? et les petits ont l’air contents.

      1. Gaëlle et Elias

        Ah oui mais non, Elias à côté de moi a eu la même réflexion : on dirait un peu des têtes de cheval (je cite hein) sur des corps de bergers allemands (je complète). Moi je n’en pense rien, j’ai bugué sur le dulce de leche 😉
        Elias embrasse fort ses copains (qu’il différencie parfaitement sur chaque photo, ça m’impressionne). Bises !

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