Les virevoltants

Du 11 mars au 25 mars: de Santiago à Calama (2490 km – 19259 km parcourus)

Samedi 11 mars : effervescence au lever : on doit aller à l’aéroport pour chercher tata Lucie et Alex ! Les garçons sont encore un peu endormis lorsqu’on quitte la ville. Sur le parking de l’aéroport, Marius prépare un panneau de bienvenue et vient avec moi jusqu’au hall d’arrivée, bondé et très désorganisé. On attend bien longtemps et soudain, on voit arriver deux têtes blondes (et pâles) avec leurs bagages. On file au CC, on installe les voyageurs et on part. On a une grosse journée de route aujourd’hui, pour rallier la ville balnéaire de La Serena. On roule donc sur la panaméricaine et ses nombreux péages… Le paysage devient très sec, plein de cactus. On arrive enfin sur la côte pacifique, vers 20h, alors que le soleil se couche. 40 euros de péage en 400Km, joli rendement pour cette autoroute… On se gare au bord de la plage : comme on est maintenant hors saison, c’est gratuit et il n’y a pas grand-monde. On traverse juste la rue pour échouer dans le resto juste en face, trop fatigués pour aller plus loin !

Dimanche 12 mars. Après une bonne nuit (enfin, sauf pour moi qui étais dans le trou du patchwork des coussins qui constitue notre lit – oui, on a gracieusement laissé la capucine aux petits nouveaux – je vais tenter une nouvelle configuration la nuit prochaine) et une matinée tranquille, on va en ville pour aller visiter le musée archéologique avec sa momie andine et son Mohaï de l’île de Pâques. J’ai concocté un super programme pour la journée. On marche 3 km, c’est pas très joli ces rues poussiéreuses et décaties, on arrive sur la Plaza de Armas, toute calme.

le phare de la Serena

joli clocher

Tiens, 3 rues plus loin, le marché est en travaux. Bon, j’ai prévu d’aller au marché pas loin. Mais il n’y a que des chinoiseries, rien à manger, à part des restos au premiers qui nous harcèlent pour qu’on aille chez eux. C’est très pénible et on s’enfuie mais comme on a faim, on finit dans un snack basique. Quelques courses au supermarché sur le retour, puis c’est après-midi plage, suivi de l’apéro-guitare-coucher de soleil en regardant les surfeurs.

sunset by Alex

Lundi 13 mars. Après cette journée de repos, on part tôt pour chercher un garage pour changer les fameuses « gomitas de la bombita » du servofrein. Au bout de deux garages, on arrive chez Castillo, un garage-atelier très « local ». El Maestro Castillo et son verre de lunettes fendue soulève les cables électriques avec un balai pour qu’on puisse entrer au milieu du fatras et d’autres mécanos, puis au boulot. Pour nous, c’est petit-déjeuner, après avoir pris soin de fermer les rideaux qui donnent directement sur une belle collection de photos de dames très peu vêtues (ou même pas du tout). J’ai pas le temps de ranger la vaisselle que le mécano monte dans le CC pour faire un « test » dans le quartier. Il fonce, tourne et pile sans arrêt, et tout valdingue à l’intérieur. Je retiens la vaisselle d’une main, me cramponne de l’autre et maintient le meuble échelle du pied. Il finit par sortir de toutes façons et se retrouve devant le frigo. Lucie et Alex tiennent Marius et Aloïs pendant que Hervé, devant, est tout pâle. Nous on est plutôt au fou-rire. Bon, ça va, ça freine bien, muchas gracias ! Mais là je pense qu’on est bon pour changer les pneus… Puis on part en direction de la Vallée de l’Elqui. La vallée verdoyante est nichée le long du rio Elqui, ente les montagnes très arides. Le contraste est saisissant entre le vert des vignes, des avocatiers, des papayers et la couleur sable des montagnes.

Valle Elqui

On va jusqu’au village de Pisco Elqui, sur la Carretera de las Estrellas, et on va manger dans un joli petit resto sur la place, après avoir tourné en rond, ou plutôt en pente, pour trouver une place. Pisco a été appelé comme ça pour avoir une capitale du pisco, un alcool de raisin produit dans la vallée. Le Pérou (avec qui le chili a quelques points de friction) produit aussi du pisco et revendique tout autant la paternité de cet alcool. Il y a d’ailleurs aussi une ville qui s’appelle Pisco au Pérou.

Pisco Elqui

des vignes, des vignes, des vignes

Je réitère mon super programme vu que celui d’hier était bien loupé. On va donc jusqu’au village de Horcon et son célèbre marché artisanal. Le pueblo artesanal en question est implanté en contre-bas de la route, près de la rivière. C’est joli, mais presque tout fermé…. Il y a en gros trois stand de tricot místico ou en forme de minions… Je trouve quand-même de la tisane de chachacoma, utilisée notamment contre le mal des montagnes.

la rivière au fond de la vallée

On revient sur nos pas pour visiter une distillerie artisanale de pisco, mais c’est trop tard pour la dernière visite. On se console en achetant une jolie bouteille de pisco, et on va à Vicuña, au camping calme avec des bougainvilliers, des arbres à colibris, des noyers de pécan et une piscine ! Ouf, la dernière partie de mon super programme est réussie. Comme c’est la pleine lune, on fait l’impasse sur les observatoires des étoiles implantés dans la vallée. Du coup, ce soir, c’est calme, on écoute de la musique, et Alex et Hervé voient passer une comète.

Mardi 14 mars. Nouvelle journée tranquille. Matinée classique ménagère des campings, puis visite du petit centre de Vicuña. C’est mignon et calme, les jardins sont plantés de cactus, palmiers, avocatiers, figuiers, bougainvilliers, orangers… La place est flanquée d’une tour allemande, héritage d’un ancien maire, d’une église avec un joli clocher et de la sculpture d’une grosse tête un peu effrayante dans une fontaine. C’est la tête de Gabriela Mistral, grande poétesse, prix Nobel de Littérature et enfant de la région.

le clocher de Vicuña

et la tour allemande

Après un passage dans une petite galerie artisanale tristoune, on rentre au camping pour une après-midi piscine et calme.

lecture avec tata Lucie

Le soir, on prépare un asado et du pisco sour maison (le cocktail le plus célèbre). C’est pas aussi réussi qu’au resto mais ça réchauffe, car les soirées sont bien fraîches par ici, alors que ça tape dans la journée.

en plein effeuillage

Mercredi 15 mars. Ce matin, on veut partir tôt, mais le temps de tout replier et de lever le camp, il est 11h30 ! On sort de la vallée, on dépasse la Serena, puis cap vers le nord. C’est de nouveau très désertique, et assez vallonné. On voit un petit renard au bord de la route et quelques guanacos (Lucie et Alex sont tout émoustillés). On longe la côté sur du gros ripio, le paysage est joli.

cactus à travers le pare-brise bien sale

occupations diverses sur la route

zorro

two blond sisters

On traverse un coin plein d’oliviers (héritage des colons espagnols) et on arrive à Caleta Chañaral, un petit village avec ses barques colorées qui amènent les touristes près de la réserve nationale des manchots de Humboldt, autour d’îles au large. Hors saison, c’est très calme ! Les garçons vont se défouler aux jeux et préfèrent ensuite ramasser des planches, des algues et des coquillages. Lucie et Alex vont se renseigner pour les sorties en mer pour demain, et Lucie est toute fière d’avoir mené la conversation. Puis on attend le coucher du soleil. Alex, Hervé et Lucie vont faire des photos pendant que je prépare du risotto et que les garçons regardent Turbo l’escargot (oui je fais des rimes aujourd’hui). Ensuite on va se coucher parce que demain, il fera beau (a dit le monsieur à Lucie) et on doit prendre le bateau à 9h.

et oui, il faut pas perdre le rythme!

le petit port

Jeudi 16 mars. Aujourd’hui, c’est Lucie la narratrice. Je me permets juste une ou deux précisions (en noir).

Objectif de ce matin : être prêts pour la virée en bateau à 9h ! Bon, finalement, c’était plutôt 10h. La nuit a été rude pour Aloïs (et donc pour les parents). Nous partons donc en mer à bord de l’« Arca de Noé », pour voir les pingüinos de la réserve de Humboldt.

notre vaillante barque « Arca de Noe »

parés pour prendre la mer

On aura en fait vu à peine plus de manchots que de plongeons de baleine ! Et oui, on a pu apercevoir (et de très près) le dos d’une ballena fin (rorqual commun – le guide a dit à la guardaparque de la conaf qui consigne les animaux vus à chaque sortie, qu’on en a vu 3, mais en fait c’était peut-être trois fois la même). Le guide m’a même fait une petite frayeur en repassant juste au-dessus de l’endroit où la baleine venait de replonger ! Ensuite, on s’est dirigé vers les bords de l’île, où étaient vautrés plusieurs centaines de lions de mer avec leurs bébés. On a même vu une jolie petite loutre de mer et un gros éléphant de mer. Il y avait aussi bien sûr beaucoup de mouettes, des pélicans, cormorans et un albatros (qui mangeait des calamars selon le guide).

ballena fin (comme on peut le constater, il fait effectivement grand beau temps…)

Pélicans

Mr et Mme lions de mer

oui, là, un pingüino!

Sur le retour vers la terre, on a eu une dernière bonne surprise en passant à côté d’un banc de dauphins « nariz de botella » ( dauphin-nez-de-cochon).

dauphins

Après cette expédition, on a décidé, pour ne pas perdre de temps, d’aller manger dans le resto « El Rincón del Tata ». Bon, on est tombé sur une serveuse un peu spéciale qui avait l’air un peu perchée (elle avait du mal à voir les clients qui étaient dans le resto, difficile de passer commande !). Le menu, c’était viande ou poisson, avec riz ou purée. J’ai donc mangé de la purée et du pain (que je suis difficile, dirait Pauline… et Alex… et les autres aussi.) Après ce grand festin (le poisson a été apprécié par le reste de la troupe), nous nous sommes dirigés vers Bahía Inglesa. Sur la route, les petits, très fâchés de devoir faire la sieste alors qu’ils n’étaient pas du tout fatigués, ont finalement dormi pendant 3h. Route donc très calme. Nous sommes arrivés le soir, après une longue route pour Hervé.

carcasse de monture des temps modernes

Les enfants se sont défoulés en hurlant toutes sortes de choses et en courant partout dans la nuit, sous l’œil inquiet d’Alex et moi… Ils s’en sont sortis sans bobos, ouf ! Encore une journée bien finie, il est temps de s’endormir en attendant le doux chant des mouettes du lendemain matin.

Vendredi 17 mars. Matin calme, avec les mouettes, donc. Bahía Inglesa est une petite ville apparemment animée en été, et plutôt endormie hors saison. Après le petit déjeuner sur la plage devant le CC, on va sur les rochers pour enregistrer un message pour l’anniversaire de papou, même si on n’a pas de wifi. On ne trouve pas de trésor que les pirates anglais auraient enfouis par ici, mais on rencontre Jérôme et Noémie qui voyagent avec leurs filles Elena et Maëlle.

Puis on reprend la route. Longue route… dans le désert…

pause photos dans le désert!

En fin de journée, on arrive près de la Mano del Desierto, immense main de granit qui sort du désert, créée par le même artiste que celle de Montevideo et de Puerto Natales. On cherche un bivouac un peu plus loin sur le côté d’une piste qui part vers la colline, mais le sol est meuble et on s’ensable (c’est de ma faute, je ne savais pas que Hervé ne connaissait pas la signification d’un sol meuble). Alex et Hervé creusent derrière les roues et on retourne donc nous garer au pied de la main. Quelques voitures viennent se planter juste devant la main pour faire des photos mais ensuite c’est calme. On ressort à la nuit tombée pour regarder les étoiles et les camions illuminés qui passent en bas, au loin.

bonsoir, désert

Samedi 18 mars. Petit déjeuner dehors aux jolies lumières matinales, puis passage à Antofagasta pour faire des grosses courses (car San Pedro de Atacama est réputée très chère et peu approvisionnée).

tennis improvisé

Puis, arrêt dans une station service Copec pour prendre des douches (oui, c’est très rock’n roll, la vie en camping car). Arrêt encore plus loin, après un plein de gasoil dans une petite ville sale. On veut remplir le CC d’eau, mais la dame de la cafeteria de la station dit non (la gestion de ces endroits nous laisse parfois perplexes). Un monsieur finit son repas à toute vitesse et vient nous voir. Il nous propose de nous donner de l’eau. Il travaille à côté, alors on le suit… près d’un entrepôt de camions d’acide sulfurique ! Il est très gentil et prévenant, et s’inquiète de savoir si les Chiliens nous traitent bien. Il nous dit qu’ici dans le nord, les gens sont assez fermés. L’eau est non-potable, surtout vu l’endroit, mais de toutes façons, on a recommencé à acheter des bidons d’eau potable car jusqu’au sud Pérou, elle est très polluée aux métaux lourds en raison de l’activité des mines. Au Chili, l’eau est privatisée, et les mines ont acheté les réseaux d’eau du nord pour leur activité, ce qui a mené à la disparition de villages privés d’eau. Le camion rempli, on repart.

vous reprendrez bien un peu d’acide sulfurique?

On passe Calama puis on bifurque vers San Pedro de Atacama. La route est belle, elle monte… On s’arrête un moment à 3400m (Antofagasta était au niveau de la mer) pour faire des photos du plateau en-dessous.

volcans au loin

wouahou!

Valle de la Luna en contre-bas

Puis on longe la magnifique Vallée de la Lune et on arrive à par ses ruelles en terre battue rouge défoncées. On se gare à côté du cimetière, près de San Pedro de Atacama (SPA) pompiers et du petit marché, puis on file dans le centre pour aller réserver une soirée à l’observatoire de l’astronome français Alain Maury, installé depuis longtemps ici. C’est facile, le centre se compose de quelques rues en terre et de petites maisons en adobe abritant toutes des agences de tourisme et des restos. C’est un peu bizarre comme ambiance, il n’y a que des touristes partout.

San Pedro de Atacama

A l’agence, il reste juste de la place pour une séance en français mardi à 21h. Chouette, c’est ce qu’on voulait (ou, j’ai récidivé et essayé de préparer un super programme pour ces jours-ci). Il faudrait juste voir le jour-même si la météo permet la séance, car la semaine dernière, 3 jours ont été annulés à cause des nuages ! On passe ensuite sur la petite place agréable pour rejoindre Alex et Lucie qui sont au petit marché artisanal (Lucie se creuse les méninges depuis des jours pour trouver un cadeau à rapporter à Zoé !) Il y a des feuilles de coca et de la chachacoma qui ne ressemble pas du tout à celle que j’ai achetée à Horcon… On va boire un coup dans le joli patio d’un bar et on rentre au CC tandis que Lucie et Alex vont au resto en tête à tête. On est à 2400m d’altitude et la fraicheur tombe d’un coup avec la nuit.

Dimanche 19 mars. Ce matin, alors que Hervé finit la vaisselle du petit-déjeuner, une famille française en CC, garée plus loin, vient discuter avec nous. Les garçons embarquent directement la petite fille dans une partie de jeux de cartes. Il est presque midi lorsqu’on part en direction du sud pour la Laguna Chaxa et le Salar de Atacama.

En route vers le Salar de Atacama

pas de doute, on approche!

On mange sur le parking du site, on achète nos entrées aux gens bien désagréables qui gèrent l’endroit, puis un guardaparque de la Conaf nous explique le fonctionnement des flamands roses et nous détaille les trois espèces (sur les 6 existant dans le monde) qui vivent ici. Bon, en ce moment, il n’y en a presque pas parce que les pluies récentes ont changé le PH de l’eau de la lagune, il y a donc moins de bestioles à manger. Bref, on se promène dans le sel, il y a de jolies concrétions bien découpées. On voit deux flamands de loin, le bec dans l’eau.

Salar y volcanes

laguna Chaxa, rose par endroits

On reprend la route au milieu de paysages superbes et on va jusqu’au village reculé de Peine. Il y a des piscines naturelles, 2 bassins alimentés par une rivière. L’eau est à 24°c, on surplombe le salar, c’est plutôt agréable ! En plus, Lucie dégote des douches, chouette ! La dame est gentille et nous laisse finir de nous doucher tranquillement alors que l’heure de fermeture est dépassée. Sur la place, un cheval se promène tout seul et se plante devant la fenêtre de la salle de bain du CC alors qu’Alex est en train de se rhabiller. On cherche ensuite un bivouac car il n’est pas loin de 19h et la nuit va tomber. On redescend vers le salar : un chemin part vers le désert de sel. L’accès au début est un peu meuble (Hervé apprend vite), puis, 3 km plus loin, on trouve un terre-plein parfait, bien stabilisé, juste avant deux mini-lagunes. On se gare au moment du coucher du soleil et Lucie a juste le temps de prendre en photo les derniers rayons du soleil sur les concrétions de sel pendant la fin des manœuvres. Puis les volcans et les montagnes au loin deviennent roses et violets, c’est superbe ! Après le repas, on sort regarder les étoiles dans un ciel sans pollution lumineuse ni nuage. Marius voit même sa première étoile filante !

derniers rayons du soleil

joli endroit pour un bivouac

spécial pour Lucie

voie lactée et croix du sud (un cerf-volant selon Marius)

Lundi 20 mars. Après une petite exploration des environs et une récolte de concrétions salées, on part vers les lagunas Miñiques et Miscanti. Ce sont deux petits lacs d’eau douce perchés dans les montagnes.

prospection matinale

mini lagune près du bivouac

La route passe par le village de Socaire et ses anciennes cultures en terrasses qui dateraient des Incas. Le paysage verdit. On fait une petite pause à presque 4000m d’altitude près d’un tout petit cours d’eau, puis on grimpe par une route en terre, parfois creusée de rigoles dues aux pluies.

drôle de colline

petite pause à 4000m

chauffeur à toute épreuve!

On arrive à l’entrée du site : ça caille, on est à 4225m ! On va se garer un peu plus loin et on se promène sur les petits chemins, le paysage est incroyable… On n’a pas le droit de s’approcher très près des lagunes car c’est le lieu de reproduction d’espèces d’oiseaux. Puis Hervé va à l’autre lagune avec Lucie et les garçons, en CC, pendant que je fais le chemin à pied, avec Alex. On doit mettre 25 min pour parcourir 1km ! On n’est pas spécialement essoufflés, mais bien ralentis.

Laguna Miscanti

sur le chemin vers la laguna Miñiques

On mange dans le CC et on se rend compte qu’on est un peu shootés par l’altitude, malgré les granules homéo de coca et la tisane de chachacoma. L’exercice consistant à transvaser de l’eau dans le bidon sans fou-rire et sans en verser à côté est particulièrement corsé.

bien concentrés

Puis on redescend un peu, et Hervé monte sur le toit pour chercher les 20l de gasoil pour remplir le réservoir. Il est aidé par Alex, tandis qu’Aloïs entend « des bruits bizarres dans ses oreilles »… Les 4×4 de touristes descendent à toute allure et ne ralentissent surtout pas en passant à côté de nous. On rentre à SPA, Hervé conduit vaillamment et nous, on fait la sieste ! A SPA, on se sent nettement mieux. On fait un tour à la boulangerie française qui fait des vrais croissants et pains au chocolat, puis en ville. Je demande à une petite dame du marché si ma chachacoma en est vraiment : elle ne reconnait pas cette variété (mon sachet est rempli de fleurs séchées duveteuses), mais elle me confirme que ça sent bien la chachacoma. Puis on décide d’aller au resto. Il y a un type qui joue des standards au piano, avec un clair problème de rythme. J’ai de toutes façons trop mal à la tête pour entendre ça (j’ai pourtant porté mes lunettes de soleil toute la journée mais la luminosité était trop forte), et je rentre me coucher avec Aloïs. Les autres restent pour le 2eme concert panio-chant-batterie-contrebasse-quéna, nettement mieux.

Mardi 21 mars. Journée résolument stellaire : après les supers pains au chocolat du petit-déjeuner, on discute un moment avec Noémie et Jérôme qu’on avait rencontrés à Bahia Inglesa, puis on va au musée des météorites, dans un dôme géodésique. On a d’abord une visite par audioguide, un peu compliquée pour les garçons, mais bien intéressante pour nous. Il y a divers morceaux de météorites, tous trouvés dans le désert d’Atacama. Puis une guide nous fait passer à la partie pratique : on touche une grosse météorite en apprenant comment les distinguer des roches terrestres. En gros, il faut un aimant (les météorites contiennent beaucoup de fer) et une disqueuse en diamant pour couper une trancher et observer l’intérieur. On inspecte trois météorites, et une 4eme plus petite, qui provient du noyau d’un astéroïde. La guide ne la quitte pas des yeux, car environs 5% des météorites retrouvées sur Terre on ce type de composition : 75% de fer et le reste est un mélange des autres éléments du tableau de Mendeleiev (bon, c’est ce que dit la guide). A la sortie, on réussit haut la main de le test de reconnaître une météorite au milieu d’un dizaine de roches terrestres !

exercice pratique

le noyau d’astéroïde (dans la main de Hervé)

Volcan Licanbour, au fond

alors Alex, c’est bon le mote con huesillo en attendant les empanadas?

L’après-midi, on file vers la Vallée de La Lune, avec Jérôme, Noémie et leurs deux filles. On roule un moment dans ce décors surréaliste de roches rouges, ocre et de sel, c’est fascinant. On s’arrête à la Caverna de Sal, on se faufile entre les étroits boyaux creusés dans la roche, ça plait beaucoup aux garçons, surtout qu’on a du emporter des lampes car à un moment, on est dans le noir.

Valle de La Luna

vers la Caverna de Sal

viens, papa, c’est par là!

On va ensuite voir les 3 Marias et une étrange tête de tortue (ou tout ce que l’imagination peut interpréter), des roches posées au bout de la zone autorisée.

saut dans le cratère

tres marias et tête bizarre

Puis on revient sur nos pas et on grimpe sur un versant, escarpé vite, vite. Alex monte tout en haut malgré les rafales de vent, et on file de nouveau vers l’anfiteatro, le point de vue pour le coucher du soleil.

ça grimpe!

C’est plein de gens, évidement, et les garçons se roulent dans le sable alors qu’on regarde les couleurs changer à mesure que la lumière décline.

anfiteatro

autre angle, après le coucher du soleil

Puis c’est le retour sur les chapeau de roues à SPA, on se change, on emporte du pain, du fromage et des biscuits et à 20h30, on se présente devant l’agence des étoiles. Ouf ! Un petit bus arrive à 21h et cueille tous les francophones du jour. On est bien secoués sur le chemin qui nous amène, tous feux éteints, chez Alain Maury. L’astronome de renom, notamment découvreur d’astéroïdes, commence par nous faire observer le ciel à l’œil nu et nous explique différentes choses avec son laser. Ça y est, on est capable de trouver (entre autre) la croix du sud dans la voie lactée ! Il y a très peu de pollution lumineuse ici, à part un nouveau quartier en construction et une centrale électrique allumée tout le temps un peu plus loin (ce qui fait rager les astronomes du coin), les lueur lointaines des éclairs des orages au-dessus de la Bolvie et les phares minuscules des camions qui descendent de l’Argentine. Puis on va vers les 12 télescopes pontés sur différents éléments (nébuleuse, voie lactée, Jupiter, étoile mourante, etc…). On vaque librement entre les installations qui sont ajustées plusieurs fois pendant la visite, puis Alain Maury nous explique encore un tas de choses liées à l’histoire de l’astronomie et la cosmogonie locale. C’est vraiment très chouette. On a une grosse pensée pour Grand-Pierre, qui nous a initié à l’observation des étoiles (parfois même par -13°C!)… Les garçons finissent par s’endormir dans nos bras et ne se réveillent qu’à la dernière partie : on est tous assis dans une belle pièce circulaire au plafond ouvert sur le ciel, et on boit un chocolat chaud pendant des questions-réponses-discussions. Lorsqu’on remonte dans le petit bus, l’astronome vient donner des indications au chauffeur, et on découvre enfin son visage ! C’est assez curieux d’ailleurs, d’avoir communiqué avec une voix toute la soirée avant de pouvoir mettre un visage sur cette voix. On rentre super contents et il est minuit et demie lorsque tout l’équipage est installé pour dormir !

 

Mercredi 22 mars. On est tous fatigués de la journée marathon d’hier, alors ce matin, c’est relâche. Derniers achats pour Alex et Lucie, qui se chargent aussi de la mission « poubelle » (il n’y a des poubelles que sur la place principale !). Les autres missions (eau potable, pain, etc…) sont vite bouclées, et on va manger le menu du jour au resto Barros et son toit en paille troué. C’est tellement copieux qu’on rapporte la moitié au CC !

portail de l’église de San Pedro

le toit est en bois de cactus, les poutres sont attachées par des lanières en cuir de lama

Je vais voir trois fois les pompiers dans l’espoir de remplir le réservoir d’eau (car il parait que c’est compliqué à la pompe à essence), mais tout est fermé. On voit un CC garé près du nôtre. Au moment où Hervé démarre pour faire chauffer le moteur, on se rend compte que c’est le CC de Daniel, Karen, Noé et Paul, qu’on n’avait pas revus depuis Ushuaïa ! Du coup, le départ est retardé : les garçons vont jouer avec leurs copains, nous on discute, et Lucie et Alex vont faire un tour… Il est donc déjà tard lorsqu’on part faire le plein de gasoil dans l’unique station-service de la ville, planquée au fond d’un cul-de-sac. Il faut passer par les ruelles défoncées, c’est tout un programme. Par chance, le pompiste du jour accepte qu’on remplisse aussi l’eau (bon, on lui a laissé la monnaie). On prend alors la direction du Canyon de Guatin, sur la route de El Tatio. Ça monte, c’est bien joli. On traverse un petit gué et on trouve un bivouac à 3400m, près du canyon. C’est la bonne altitude pour faire un pallier avant les geysers. On arrive presque à la nuit. Soirée au calme et séance étoile pour les plus valeureux.

Jeudi 23 mars. Matinée calme. Après les crêpes aux myrtilles, promenade dans le canyon, il y a un cours d’eau entre les roseaux, c’est très joli.

Canyon de Guatin

petite grotte

On a tous bien supporté la nuit à cette altitude. C’est 1000m de plus que SPA où on a pu s’acclimater quelques jours. Ici, le « soroche », ou « mal de puna », le mal des montagnes andines, ne se prend pas à la légère. Il est redouté et peut être redoutable, même pour des personnes habituées à l’altitude dans d’autres montagnes su globe. Les clefs : s’acclimater lentement, par paliers (dormir si possible 300m plus bas que le plus haut point visité en journée); boire beaucoup beaucoup d’eau, surtout pas d’alcool ni de café. On boit aussi des infusions de feuilles de coca, de chachacoma et on a de la coca en homéopathie. Si vraiment ça ne va pas, il faut redescendre dès que possible. On part dans l’après-midi pour les geysers de El Tatio : c’est le champs de geysers le plus haut au monde ! La route est vraiment magnifique.

c’est haut! c’est beau!

On voit des lamas, et nos premières vigognes ! Ces deux espèces sont cousines, mais la vigogne est sauvage, très fine et vit très très haut.

c’est l’heure du goûter

vigognes

ben… restons polis!

On monte, on monte, on passe 4000m, puis 4400… On arrive sur le parking du site, à 4305m. Le ciel s’est tout couvert.

4258m… on arrive bientôt?

Les guardaparques nous autorisent à passer la nuit là. Il fait froid ! Les guardaparques sont en train d’allumer un barbecue et viennent bientôt nous apporter des humitas (pâte de maïs cuite dans des feuilles de maïs) et des chorizos ! Les garçons leur donne une tablette de chocolate de Bélgica (merci la famille !), tandis que je m’active pour préparer un gâteau d’anniversaire pour Alex. Verdict : le gâteau au chocolat à 4300m d’altitude, c’est une réussite ! en plus, le four réchauffe un peu l’intérieur. On ne peut trinquer qu’à la tisane, mais bon, on n’a pas tous les jours 26 ans si haut… Les garçons ont réussi à tenir leur langue à propos des cadeaux, ça n’a pas été facile !

Feliz cumple! la déco en feuilles de coca s’est envolée…

On se couvre bien car les guardias nous ont annoncés -3°c pour cette nuit. Aïe, voilà le mal au crâne qui arrive… La nuit est bien mauvaise car les garçons sont très agités, ils font des cauchemars, hurlent dans leur sommeil pendant un long moment. Je finis la nuit entre les 2, et Hervé recroquevillé sur la banquette à côté.

Vendredi 24 mars. Le réveil sonne à 6h, Hervé fait chauffer le moteur un bon moment pendant que je prépare un thermos de tisane de coca. On superpose les couches de vêtements. Des camions de touristes sont déjà là (les départs se font à 4h30 de SPA !). Des voyageurs dans un combi à côté nous demandent si on a un grattoir à givre pour leur pare-brise. Dans le CC, il fait 7°C, on n’a même pas eu besoin d’allumer le chauffage. Il parait que c’est à l’aube que les geysers sont les plus beaux, lorsque l’amplitude thermique est la plus grande entre l’air extérieur et l’eau bouillonnante. On s’avance dans le noir vers les champs principal des geysers et on sort dans le brouillard épais, avec un tas de touristes. Il y a plein de petits trous fumants ou bouillonnants, et quelques geysers. La brume nous empêche de bien réaliser où on est.

Lulu, il est où le geyser?

Il faut très froid et humide, et au bout d’une heure, les cheveux qui dépassent des bonnets et qui ont été mouillés par le brouillard sont givrés ! On rentre prendre le petit-déjeuner au chaud dans le CC (il fait 8°C alors on s’autorise le chauffage) tandis que le touristes repartent, et le soleil apparait enfin, la brume se dissipe. C’est super beau ! On retourne donc faire un tour, on est presque seuls maintenant, et les vigognes viennent boire l’eau dans les ruisseaux s’écoulant des geysers.

c’est mieux avec le soleil!

infusion naturelle (soufre et herbe rase) pour vigognes

Puis on va vers le 2ème champs, lui aussi déserté à cette heure-ci, tout comme la piscine d’eau chaude ! Elle est un peu verte mais c’est de l’eau courante, qui vient de plusieurs courants bouillants. Par endroits, elle est vraiment très chaude. On passe un bon moment, seuls dans le bassin, à 4300 m d’altitude, avec un panorama inégalable. Bon, en sortant, le vent froid nous fait nous rhabiller très très vite.

dans le jus

Alex le téméraire (là au bout c’est très chaud!)

chaudière locale au bout du bassin

Puis on décide de redescendre pour manger parce que certains ont bien mal à la tête. On prend la « route » pour Calama, franchement scabreuse au début, et on n’a pas du tout envie de rester ensablés à cette hauteur… En plus, ça continue à monter dans le paysage pelé, jusqu’à 4510m. Enfin, on rejoint une belle route asphaltée qui descend en serpentant dans la vallée. Il est 15h quand on arrive au village de Chiu Chiu. Impossible de se garer dans le petit centre, et on manque de restés coincés dans les ruelles pourries.

petite tornade au retour

On va donc jusqu’à la bien moche Calama, ville de mineurs, de mesdames aux emplois non-réglementés et de maisons barricadées derrière des barbelés. Après un saut au supermarché, on va se garer près de l’aéroport, au bord de la route. Ça fait pas rêver, comme bivouac, mais c’est tout ce qu’on a trouvé, et au moins on sera sur place pour le départ de Lucie et Alex tôt demain matin. On se rattrape le soir du repas de midi loupé, après le bouclage des sacs. Lucie et Alex nous font des petits cadeaux : deux lamas, une chemise brodée et des boucles d’oreilles.

Sancho et Pedro (Serge et Bernard étaient déjà pris)

Détail du parcours dans la région de San Pedro de Atacama:

7 reflexions sur “Du 11 mars au 25 mars: de Santiago à Calama (2490 km – 19259 km parcourus)

  1. Arnaud

    que de souvenirs ! n’est ce pas Manue ?! san pedro, la vallée Elqui… La vallée de la Luna !!!! en route pour Titicaca maintenant ! plein de bises

  2. Manue

    Belles tranches de vie et magnifiques photos -D ça rappelle des souvenirs ( à Arnaud aussi certainement 😉 Les paysages sont hallucinants … !! bises à vous 4

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