Ce matin, c’est le grand départ ! Facile, on a repéré la route pour sortir de Montevideo, il suffit de prendre les ramblas. Sauf qu’en arrivant sur ladite rambla, en ce dimanche 25 septembre, on tombe sur des tas de coureurs en t-shirt orange (un peu mollasson, le rythme, et là je sais de quoi je parle, hein la My Melody Team !) qui tournent juste sur la route qu’on avait prévue d’emprunter… Bon, va pour les rues intérieures, ça fait un bon entrainement : « T’es sûr que c’est un sens unique, là ? » « Et qui a la priorité sur cette voie ? » Heureusement, c’est dimanche matin et il n’y a presque pas de trafic. Ouf, on sort de la ville et on file vers l’intérieur, en direction de la Sierra de Mahoma. Tant que la route est payante, elle est à peu près correcte, et juste après le péage, elle est bien cabossée. Bon, on a le temps, il fait beau, tout va bien. On traverse des prés plein de vaches, de chevaux, quelques maisons, etc… On arrive à un très joli endroit qui doit son nom non pas au prophète, mais à une déformation de Ohma, je crois. On se gare près de gros rochers, on surplombe un joli étang. Le site est donc formé par des énormes roches, et on fait une très jolie promenade en suivant les flèches rouges. On grimpe le long des rochers, on traverse des petits ruisseaux, parfois sur des petits ponts en rondins, on voit pas mal d’oiseaux, des cactus, un vache crevée dans un ruisseau et son nuage de mouches, on entend une grenouille qui miaule et d’autres qui croassent. On trouve même des toutes petites plantes carnivores comme celle qu’on a confiée à Inès (la plante qui a des petits poils rouges qui collent) ! Au bout de 2h de marche, Aloïs braille qu’il est fatigué : un peu normal vu qu’il a passé la première heure à bondir. Le soir, Hervé et les garçons sortent pour regarder les étoiles et rentrent dare-dare après avoir vu briller des yeux de renards dans la nuit !
Lundi 26 septembre : 8 °C au réveil dans le CC, mais avec le soleil, ça se réchauffe vite. Il y a un cheval devant la fenêtre qui broute l’herbe du pré. On range (encore), on réorganise la soute pendant que les garçons font des « travaux » dehors et capturent plein de fourmis pour les observer à la loupe dans leur super boite à insectes. Après un départ en fin de matinée, on s’arrête à Nueva Helvetia pour manger, c’est une petite bourgade fondée entre autres par ses Suisses, mais on en voit pas grand-chose et on file ensuite à Colonia, pour deux raisons stratégiques :
1/ récupérer un livre que j’ai oublié dans l’appartement loué 10 jours avant
2/ remplir notre bombonne de gaz dans un point répertorié par d’autres voyageurs.
On arrive donc à 16h au point du gaz. Le monsieur dit que ça va prendre 3h et nous dit de revenir à 19h. Très bien, on va se poser près de la plage, les garçons vont se tremper les pieds et le reste pendant qu’un monsieur vient nous conseiller d’aller bivouaquer dans la ciudad vieja et surtout de ne pas aller au camping éloigné qui a très mauvaise réputation. A 19h, on retourne au gaz, mais le camion de propane n’est pas passé, il faut revenir le lendemain à 14h !
Bon, on va se garer au bivouac en contrebas du phare avec le coucher du soleil. C’est très calme et on connait bien les lieux. Les garçons s’endorment en 25 sec chrono : je conseille à tous les parents ayant des enfants difficiles à endormir d’habiter dans un camping-car, au moins pour ce point !
Mardi 27 septembre : nuit bien calme et beau soleil au réveil. Petite note car plusieurs personnes nous ont posé la question : la plupart des très vieilles voitures stationnées dans le centre de Colonia ne roulent plus et sont là pour la déco mais certaines roulent encore, et on ne sait pas trop comment ! Aujourd’hui c’est la rentrée des classes pour Marius et Aloïs : les cahiers de grande section ont voyagé dans le camping car sur le cargo, et jusqu’à présent on a pas trop eu le temps de les sortir. Les garçons sont ravis et appliqués. Au bout d’une heure, Aloïs veut continuer mais on va à l’hostel en face de notre ancien appartement ou la propriétaire m’a dit qu’elle déposerait le livre. Ah bah non, il n’y a rien… Finalement, le livre est toujours dans sa voiture, et elle n’est pas à Colonia avant 2 jours… Tant pis, on rentre au CC pour repartir, et un type à la chemise aussi blanche que son pick-up vient nous dire qu’il est interdit de se garer et de circuler dans la Ciudad Vieja (il n’y a aucun panneau mentionnant une telle interdiction). Nous on s’en fiche un peu, vu qu’on s’en va, mais il va déloger un camion aménagé vert qu’on avait déjà vu à Montevideo. L’endroit où on est, et un autre un peu plus loin, sont pourtant largement utilisés sans problème par les voyageurs au long cours depuis longtemps. Le type précise qu’il faut aller dans le camping déconseillé par le monsieur rencontré hier. C’est assez désagréable, même si on s’en va, surtout que le type n’est même pas un habitant du quartier.
Alors on part voir le fournisseur de gaz qui nous dit qu’en fait, ils n’ont pas de propane… Allez, merci Colonia, on va en direction de Fray Bentos, sur la rive du Rio Uruguay, au nord-ouest. Au début la route est bonne, et dès qu’elle devient une route secondaire, elle est franchement pourrie, avec des trous, des bosses, des déviations sur des chemins en terre… On arrive à la nuit tombante, le ciel au-dessus du rio a des couleurs incroyables mais on en profite pas trop car on cherche le point de bivouac et le gps nous fait prendre des ruelles en sens inverse alors qu’il fait nuit. On se gare finalement sur un genre de pré ou parking derrière l’ancien usine de concentré de viande. On est tous seuls, entre les grands bâtiments désaffectés et le fleuve. Il y a un gardien qui reste là toute la nuit, c’est rassurant.
Mercredi 28 septembre, on se réveille entourés de chevaux qui paissent l’herbe rase autour de notre bivouac. Hervé entreprend de réparer le goutte à goutte du robinet de la cuisine qui s’est intensifié. Il se rend compte que le robinet fuit aussi sous l’évier (donc au fond du placard). Je décide donc d’aller visiter l’ancienne usine de concentré de viande de Fray Bentos avec Marius pendant que Aloïs choisit l’atelier « plomberie – contorsion – gros mots » avec Hervé. Ce complexe aujourd’hui abandonné était surnommé « la cocina del mundo » (la cuisine du monde) dans son époque de gloire. Je n’ai plus toutes les données en tête, mais elle a été créée par un associé de M. Liebig, inventeur du procédé qui transforme 32 kg de vache en 1 kg de concentré. L’usine fabriquait aussi énormément de corned beef et autres dérivés. Elle a été construite avec des matériaux importés d’Europe via le rio et a exporté ses produits pendant des décennies. Pendant les deux guerres mondiales, elle a nourri les soldats alliés. D’abord allemande, elle a été reprise par les anglais après la 1ère guerre mondiale et s’est appelée « Anglo ». Plusieurs milliers de personnes travaillaient sur place et y vivaient également, car tout était organisé autour de l’usine. Il y avait, en plus des maisons des ouvriers, une école, un hôpital, un club de foot, etc… Vers 1976, l’activité a beaucoup décliné, pour cesser définitivement en 1979. Le site est maintenant classé à divers Patrimoine et est surtout visité par des étrangers qui recherchent des traces de leurs ascendants car la région a attiré beaucoup de migrants européens. J’ai eu le droit à une visite guidée privée en solo. Marius a surtout été impressionné par une double tête de veau conservée dans du formol (un veau à deux têtes).
En revenant au camping car, c’était le chantier. Aloïs a filé jouer dans un grand arbre avec Marius et Hervé continuer à pester et à se contorsionner avec sa lampe frontale dans le placard. Finalement, il a condamné l’eau chaude car le tuyau, rigide, était trop court pour être refixé, puis il a changé les joints du robinet. Ouf, ça ne fuit plus, ni dedans, ni dehors. Pour l’eau chaude, de toute façon pour le moment on en utilise pas, au pire on en a dans la salle de bain (à 90 cm de la cuisine) et sinon on a une belle bouilloire sifflante pour en faire chauffer. Le temps de manger un peu, de tout ranger, et on part. Hervé était très déçu de ne pas avoir vu l’usine et les grosses vieilles machines, les garçons ont joué très longtemps et sagement à transporter du bois et des cailloux dans leur arbre.
Compte rendu du « stage » de Aloïs : Hervé lui donne la lampe frontale et lui demande de se mettre dans le placard (c’est vraiment très galère à aller tout au fond et à regarder derrière l’évier) et de regarder si ça fuit quand il allume la pompe. Evidemment, ça gicle partout. Alors Aloïs sort précipitamment, referme la porte du placard et dit « c’est bon ! » et il s’en va !
Après cette matinée et début d’après-midi un peu tendus, on va vers notre étape du jour, bien méritée : les thermes de Almirón, à environs 150 km. Mais il faut vraiment les mériter, et donc passer par des morceaux de routes bien défoncées. Certains tronçons sont rebouchés, et sinon, lorsque la route est en trop mauvais état, les responsables de la voirie (s’ils ont un nom) se contente de mettre un panneau « tramos en mal estado » (tronçons dégradés). Vu l’état du panneau, ça fait un moment qu’il est là ! Ailleurs, on est témoin d’une initiative de réparation originale : prenez un fine couche d’asphalte et déposez-la sur de la terre. Attendez que des tas de trous se forment. Puis, rebouchez certains trous avec un amas de goudron et de graviers, et surtout faites des petits monticules. Vous avez là un beau patchwork en 3 dimensions. Heureusement, l’invention n’a pas du être approuvée parce que le tronçon patchwork n’est pas très long et ne se reproduit pas. Peut-être qu’en fait, cette expérience a été mise au point pour faire ralentir les omnibus qui roulent très mal, très vite et sont très pénibles pour les autres usagers. On ne saura jamais. Mais nous voilà arrivés (après avoir rempli le réservoir de gasoil presque vide) au camping de las Termas de Almirón. Cette région de l’Uruguay compte plusieurs stations thermales, et celle-ci est la seule qui a une eau légèrement salée, qui est puisée à 983m de profondeur et sort à 34 degrés. L’endroit est un peu vieillot mais agréable, et surtout il n’y a pas grand monde, surtout des retraités. Les garçons ne tiennent plus, ils sautent dans la piscine extérieure à 35 degrés et je les accompagne pendant que Hervé branche l’électricité au camping car, remplit l’eau, etc…
Jeudi 29 septembre : aujourd’hui, on ne bouge pas ! Au programme : un peu d’école, des jeux pour les garçons dehors, du trempage dans la piscine intérieure très chaude, sieste, etc… On est garé sous des pins dont les bourgeons nous tombent dessus et se collent partout, on passe donc un bon moment à s’en débarrasser.
Waouh! on vous envie, le paysage est magnifique et vous avez du beau temps, c’est superbe. On vous embrasse très fort. Natacha& Damien
Ça a l’air bien sympa tout ça. Heureusement qu’Hervé a pris tout ses outils…
Hum, vous croyez qu’Izia s’endormirait en 25 secondes dans votre camping car? J’ai du mal à l’imaginer, mais bon c’est quand-même pas très pratique comme solution pour nous.
l’arbre refuge j,adore pépé aussi mais lui pour faire la sieste!!!
Oui j’ai pensé à Izia justement pour ça! elle mettrait peut-être 45 secondes, j’avoue.
Je prends note aussi pour Inès du conseil sommeil 🙂 !
bon 45 sec pour Izia j’ai un léger doute: en bateau on tourne autour des 90 minutes, et les vaguelettes sont censées bercer…