Patagonie andine Argentine: fin!
Dimanche 6 février : Ce matin, on se prépare pour aller marcher dans le Parc National Arrayanes (qui abrite donc les fameux arbres à l’écorce couleur cannelle, typique de la région), sur l’isthme du lac. La promenade complète fait 23 km aller-retour, donc Hervé dit à la guarda qu’on ne va en faire qu’une partie, avec les enfants, alors elle ne nous fait pas payer l’entrée. Le début monte très raide (ceux qui font la rando en vélo doivent porter leur vélo car il y a 1,2km de marches) puis on accède à deux miradors à la vue splendide sur le lago Nahuel Huapi.
Un peu plus loin, les garçons se font un copain, Chandel, et ne le quittent plus, si ses parents ! Au bout de 6km, on s’arrête pour manger, puis on fait demi-tour, et on voit enfin le pivert mâle à tête rouge, et d’autres jolis petits piverts.
Les garçons traînent un peu la patte, ils ont chaud, mal aux pieds, il y a plein de poussière… Mais ils terminent vaillamment les 13 km dont quelques pentes bien raides ! Puis c’est direction la petite plage, où Hervé se trempe vite fait dans l’eau glacée. On va ensuite manger 500 gr de glace artisanale et on rentre au CC pour reposer toute la troupe.
Lundi 7 février : Comme il y avait 4 fourgons et camping-cars en plus du nôtre cette nuit sur le petit parking, on se fait virer par un type ce matin, alors qu’on s’apprête à partir. On s’arrête dans le haut de la ville pour faire quelques courses (dans un magasin nautique, Hervé trouve même le spray silicone vital à la survie de la cassette des WC ), on prend le petit déjeuner, puis on roule en direction de San Carlos de Bariloche. On ne fait que traverser cette ville archi-touristique où plus aucun voyageur au long-cours ne s’arrête depuis des semaines sous peine de se faire fractionner une vitre et dépouiller par des groupes de voleurs très organisés. On continue vers la péninsule LLao Lao sur le circuito chico. On se gare devant le parc municipal (la forêt, quoi). Après le repas, Hervé se repose et je pars avec les garçons (et c’est Marius et Aloïs qui prennent les photos) voir le « pont romain » de… 1936 (ils sont fous ces romains argentins !).
C’est rapide, et on va ensuite au Lago Escondido, un petit lac. Le seul accès qu’on trouve est un ponton en bois plein de jeunes en train de bronzer, mais c’est quand-même joli.
Au retour, on fabrique un « tipi » avec les cannes trouvées sur le chemin, les garçons en sont très fiers.
Puis on discute un moment avec une chouette famille dont le père parle bien français. Il nous explique notamment les frictions frontalières (qu’on avait remarquées !) entre les chiliens et les argentins, et le système de la ligne du partage des eaux qui est appliqué pour délimiter la frontière : les terrains (ou montagnes) dont l’eau de pluie s’écoule vers l’Atlantique appartiennent à l’Argentine, et ceux dont la pluie s’écouler vers le Pacifique appartiennent au Chili. On reste passer la nuit sur cette petite péninsule bien calme.
Mardi 8 février : Aujourd’hui, on va à El Bolson, petite ville plus au sud, dans laquelle se sont installés quantité de hippies à la fin des années 1970, et réputée pour son marché artisanal, trois fois par semaine. La route, qui serpente entre les montagnes, est très jolie. On arrive à El Bolson et on se gare dans une petite rue, devant un bar dont on a le wifi. On va manger dans un resto qui fait aussi glacier renommé. Ça tombe bien, le plat unique qu’on a commandé est tellement long à arriver qu’au moment du dessert, c’est l’heure du goûter, et les glace des garçons fait office des deux. On va ensuite déposer un gros paquet de linge à la lavanderia à quelques centaines de mètres de là, puis les garçons et Hervé vont un peu flâner sur la place principale, qui est en fait un petit parc avec des arbres sculptés et des gens qui font du pédalo dans une fontaine ! Le soir, on laisse les enfants avec un talkie walkie et un DVD pendant qu’on va goûter la bière artisanale du bar en face.
Mercredi 9 février : la nuit a été presque blanche : on avait oublié à quel point les argentins, leur musique, leurs voitures et leurs motos pouvaient être bruyantes ! Bref, on est claqués, et après le petit déjeuner, cinq personnes de la municipalité viennent nous virer de la rue (on est garés sur des places autorisées) au motif qu’un camping car n’est pas un véhicule et ils nous disent qu’il est interdit de se garer dans toutes les rues d’Argentine ! Vu comme je suis de mauvaise humeur, Hervé coupe court à la discussion qui s’engage entre les cinq agents (ils doivent avoir de l’argent à jeter par les fenêtres, ici, à payer cinq personnes pour faire ce boulot…) et moi. Ils veulent donc qu’on aille dans un camping, mais on va se garer dans une autre rue (gratuite), un peu plus loin. On va ensuite à la feria artisanale qui se concentre aux abords du parc. C’est bondé, et à part quelques vieux hippies souriants aux longs cheveux blancs, il y a surtout des rastas pied-nus qui vendent des babioles. Il y a même quelqu’un qui joue « jeux interdits » à la guitare… On achète un bilboquet rigolo et un petit cerf-volant en papier aux garçons. Les stands de nourriture sont bons, pas, chers et assaillis : on attend notre tour et on mange dans le parc.
Le soleil tape ! En général il y a des jongleurs marionnettiste et autre, mais là il fait tellement chaud que tout le monde fait la sieste sous les arbres. Puis c’est l’heure d’aller chercher le linge, faire le plein de gasoil (dernière station à pratiquer les prix patagons, ensuite, au nord c’est beaucoup plus cher) et de partir. La petite ville et ses environs doivent avoir un certain charme hors saison mais là, c’était plutôt fatigant… On a besoin d’une bonne nuit ! Du coup, on remonte vers le nord sur quelques dizaines de km, puis un peu de ripio et on va se poser au joli mirador du Lago Steffens. C’est calme !!!
Vendredi 10 février : Bonne nuit un peu fraîche, à 1000m d’altitude, séance playmobil, puis on reprend la route vers le nord.
Pic-nic au bord du très joli rio Lamay, puis on passe par le Valle Encantado pour rejoindre le Lago Traful.
De curieux rochers sculptés par le vent bordent la route.
On commence 60 km de sale piste poussiéreuse, très très pénible. Heureusement, le paysage est vraiment superbe, mais Hervé ne peut pas trop en profiter, il a les yeux rivés sur la route et le soleil dans les yeux. Chaque petit recoin au bord de l’eau turquoise est planté d’une pancarte « no acampar » flambant neuf, ou est transformé en « camping » hors de prix. On retrouve ensuite la ruta 40, qui s’appelle ici la Ruta de los 7 Lagos, et on s’arrête sur l’aire de camping libre au bord du Lago Villarino. Il y a pas mal de monde mais ce coin herbeux est très vaste. Il y a aussi une partie avec des arbres, des buissons, et plein de papier toilette partout. On s’installe près d’un trou à feu, et quelques temps plus tard, on voit passer Marion, une jeune cycliste française, qui voyage avec son mari et vient de se faire voler leur sac le plus important( passeports, CB, téléphones, appareil photo, tente…). Nous, on a vu une petite voiture rouge se garer, avec deux types, et repartir 5 min après en trombe… D’autres personnes les ont vus aussi. Benjamin part avec le guardaparque du Parc Nahuel Huapi en direction de San Martin, là où les gens près de la route ont vu partir la voiture. De notre côté, on prépare un feu et on invite Marion toute désemparée.
On fait un asado, et lorsqu’il fait déjà nuit et que la grosse lune est sortie derrière les montagnes, le guardaparque revient avec Benjamin et Claudio, un chilien qui les a aidés et qui ne retrouve plus son neveu qui est en pick-up… Il reste un peu de notre repas pour Benjamin et Claudio qui se joignent à nous, puis c’est Pablo, le neveu, qui nous trouve et sort ses victuailles pour prolonger le repas. Malgré les circonstances, on passe un bonne soirée, et on prête notre tente à Benjamin et Marion pour cette nuit. Cette dernière s’annonce assez agitée : un grand groupe de jeunes qui brûlent des troncs entiers pour faire la cuisine et écoutent de la musique à fond s’est installé tout près…
Samedi 11 février : En effet, la musique s’est éteinte à 7h du matin. Ça n’a pas perturbé les lapins qui gambadaient sous la lune. Le guadaparque est revenu pour prendre la déposition des cyclistes qui doivent ensuite vite se rendre à San Martin, à 50km, car des voleurs ont été appréhendés (hier, plein de vols ont eu lieu dans les campings aux alentours). Pour nous, c’est la ronde des tâches habituelles post-ripio : rangement, ménage, changement des fusibles (ce coup-ci, ce sont les essuie-glaces), un peu de lessive, barbotage au lac… Le vent s’est levé et l’eau s’est bien refroidie. Tiens, les jeunes d’à côté se sont réveillés à 11h et leur sono aussi. En fin d’après-midi, les garçons se barbouillent le visage et le ventre de cendres et sont bons pour une douche dehors, dans la bassine, avec l’eau du lac… Ils ne sont pas trop contents… Le soir, on rallume le feu pour faire griller des légumes : on n’a plus de viande, et on passe bientôt au Chili, ça tombe bien. Cette nuit, la musique est moins forte et s’arrête à 2h, il y a du progrès.
Dimanche 12 février : Le coin est envahi à vue d’œil par des familles venues passer la journée avec leurs remorques chargées de glacières, tables et troncs d’arbres pour alimenter les asados toute la journée… On met les voiles tant qu’on peut encore sortir d’ici, et on finit la route des septs lacs jusqu’à San Martin de los Andes, bourgade huppée très prisée en hiver pour sa station de ski. Pour l’heure, il fait bien chaud ! On va se poser au bord du lago Lacar, sur la petite plage de la ville. L’eau n’est pas trop froide mais le périmètre de baignade est limité à 70 cm de profondeur. Puis on va dans le centre : la place est animée par un festival de musique (mapuche, argentine et indéfinissable) et un petit marché artisanal. On y fait un tour, on va boire un coup puis on déplace le CC dans une rue moche mais à bonne distance du bruit.
Lundi 13 février : Après le petit-déjeuner (les croissants de San Martin sont pas mal du tout), on sort de la zone de l’immense par Nahuel Huapi pour entrer dans celle sur Parc Lanin (qui doit son nom au volcan du même nom). On va en direction du Paso Malal Huapi, la frontière.
La route devient du ripio poussiéreux bordé d’immenses araucarias (symbole du parc, avec le volcan), et on trouve un coin à l’ombre, près de la rivière, pour le pic-nic.
Enfin, on arrive à la frontière. Sortie de l’Argentine : 40 min et 3 piqûres de taon à la cheville, pour moi. Quelques km plus loin : entrée au Chili rapide et simple : le type du contrôle sanitaire est tout content de parler quelques mots de français. On craignait un peu une fouille poussée avec ouverture des soutes et coffre de toit, car c’est la réputation de cette frontière et les autres véhicules devant nous ont été passés au peigne fin, mais pour nous c’est vite expédié. Et l’asphalte reprend : chouette. On descend par des lacets, toujours en longeant le gros volcan Lanin, dans la vallée. On passe des villages à très forte majorité mapuche, puis on se dirige vers les thermes de Trancura. On est bien pressés d’aller se tremper dans les bassins d’eau chaude (il y a plein de thermes par ici, merci les volcans). Ah, petit contretemps : on s’ensable sur un abord du parking très meuble. En plein soleil (il fait 34°c). Le petit jeune du parking appelle un voisin qui tente de nous sortir avec son pick-up, sans succès, il creuse lui-aussi des grosses ornières dans le sable. Il va ensuite chercher son tracteur vert : c’est beaucoup plus efficace, même si les pneus arrières du tracteur sont complètement lisses ! On va donc enfin aux thermes. Les bassins ont de l’eau qui sort naturellement à des températures allant de 37°c à 41°c. Mais il fait tellement chaud dehors que c’est un peu bizarre. Les garçons s’éclatent et ont le visage écarlate… Au loin, on aperçoit le volcan Villarica et son panache de fumée discret mais continu. C’est bien cuits qu’on s’endort sur le parking calme et presque désert, à part une famille cochon qui grognent et farfouillent entre les arbres.
Des rochers sculptés par le vent ?????
Hé béh Pauline tu as maigri ou c’est l’appareil des petits qui fait cette impression ?
Bravo à Hervé pour la roue !
Bisous
Ce n’est pas parce que vous êtes à Santiago qu’il n’y a plus de virevoltants en Patagonie … Un gros kiss.