Jeudi 22 juin. Ce matin, Juanita et son mari nous accueillent à l’appartement (qui compte deux baignoires !) puis on commence à déménager nos affaires. Heureusement qu’il y a un ascenseur car il y a un sacré bazar ! On se met vite à trébucher sur les sacs, caisses et piles diverses dans l’appartement, tout en ayant l’impression que le CC est toujours aussi rempli… Il fait très maussade, ce qui nous motive pas du tout. Le soir, on va manger une mechada au Rapa Nui, un petit local typique et animé du quartier, tenu par le même couple depuis des décennies, et fréquenté par les voisins, les artisans, les « intellectuels » et les branchés barbus du coin.
Du vendredi 23 au lundi 26 juin. Résumé express de nos journées palpitantes et un peu fastidieuses : courses, rangement, tri, réparations – Hervé finit par remplacer le néon par un ruban de leds, pour un super résultat, et trouve une grille de la dimension de celle de la porte que Aloïs vient de casser… Enfin, presque la même dimension, ce qui vaut des heures de boulot pour arriver à bien effectuer la réparation. Le CC est garé dans la rue, c’est pas très pratique pour tout ça mais bon… – gros ménage du CC entre les averses, dessins animés à la chaine pour les garçons, cafés et resto au Palermo et au Rapa Nui avec notre ami Amalric, incursion au ministère des affaires étrangères pour légaliser le mandat de vente, etc… Le lundi, on part avec deux petits sacs en direction de Viña del Mar qui subit les derniers assauts du temporal, grosse tempête océanique hivernale s’acharnant sur la côte. On passe notre dernière nuit dans le CC, dans la rue. Enfin, c’est vraiment du camping, car la SDB et la cuisine sont propres, vides et interdites d’accès !
Mardi 27 juin. Il fait beau au réveil, c’est très agréable. On se dirige vers la Copec à la sortie de la ville pour prendre un petit déjeuner et attendre Hernan, notre acheteur potentiel. On se promène un peu sur le front de mer abimé par les trois jours de temporal. Il y a des gros dégâts le long de la digue, mais le ciel est bleu et on voit bien Valparaiso nichée dans sa baie, qui était noyée dans la brume hier soir.
Hernan arrive en fin de matinée, et il est emballé par le CC ! (ben oui, qui ne le serait pas ?) Son mécanicien vient voir le moteur qui tourne. Hernan fait appel à un agent de la douane pour les démarches, mais ce dernier a un empêchement et ne pourra pas faire entrer le CC en douane avant deux jours. Hernan nous propose donc d’aller chez lui en attendant. Il a une grande maison dans la campagne et y vit seul la plupart du temps. On le suit donc vers le nord jusqu’à une colline verdoyante d’où on voit l’océan. Après un chemin en terre, plein de grosses ornières (on verdit un peu à certains passages…), on arrive chez lui. L’après-midi, il propose de nous emmener (avec sa voiture) visiter les beaux coins huppés de la côte plus au nord. C’est effectivement très joli, même avec les carcasses de bateaux que la tempête a déposées sur la route au milieu des villages.
On rentre alors qu’il fait déjà nuit. Hernan demande à Hervé de déplacer le CC pour pouvoir le vider de tout ce qu’on laisse demain. Et là, grosse blague du CC : il ne démarre pas !! La batterie est chargée, on ne sait pas ce qui se passe… On est très contrariés, mais Hernan ne s’en fait pas, il dit que là, l’important, c’est de dîner tous ensemble. Notre hôte est prévenant et très intéressant et on passe malgré tout une bonne soirée, suivit d’une bonne nuit dans des vrais lits.
Mercredi 28 juin. Tandis qu’Hernan est parti travailler, Hervé réussit à faire démarrer le camping car, puis on le vide avec l’aide de Gustavo, le Mapuche qui s’occupe de tout ici. C’est dingue de voir tout ce qu’on sort encore du CC ! Il doit être vide de tout élément annexe pour passer à la douane et devenir chilien, ou plutôt chilienne, car « motorhome » est féminin en espagnol du Chili… L’après-midi, c’est cours intensif d’utilisation du CC pour Hernan.
Jeudi 29 juin. Encore une journée à attendre. Hernan fait passer aujourd’hui tous les documents des démarches à l’agent de la douane. C’est joli ici, vert, calme, mais on tourne un peu en rond… On n’a pas apporté grand-chose pour occuper les garçons, heureusement qu’il y a les jouets des petits enfants de Hernan.
Vendredi 30 juin. Ça y est, c’est le grand jour ! En début d’après-midi, on va à la station Copec de Placilla de Valparaiso, pour rencontrer Felix, l’agent. Il regarde le CC vite fait, enlève les plaques d’immatriculation et nous demande de le suivre jusqu’à la douane du port à sec. C’est bizarre de conduire sans plaque mais on arrive rapidement. On gare le CC derrière des voitures sur un parking, et on lui fait nos adieux. On n’en mène pas large et on est émus de le voir ensuite partir en zone de dédouanement…
Hernan vient nous chercher et on rentre en passant par Valparaiso dans la belle lumière du soir (et les embouteillages). Après une glace au club de Yatchs qu’Hernan avait promise à Marius et Aloïs , on passe notre dernière soirée avec Hernan. On rédige l’acte de vente qu’on ira légaliser demain matin chez le notaire. On parle encore tard, Hernan a une vision très intéressante et, à mon sens, pertinente, du Chili ; les discussions avec lui ont été vraiment enrichissantes.
Samedi 1er juillet. Levés tôt pour aller chez le notaire, une longue file est déjà formée lorsque nous arrivons, avant l’ouverture. Mais les coups de tampons et empreintes digitales sont vites apposés et Hernan nous dépose à la gare routière. Il pourra récupérer le CC lundi ou mardi. On refait le trajet jusqu’à Santiago en bus, un peu abasourdis. Dans la capitale, le temps est printanier et les rues sont animées.
Dimanche 2 juillet et lundi 3 juillet. L’hiver est bien revenu. On trie encore, on sort dans le quartier… Dimanche, c’est le jour des élections des primaires de la gauche, alors la vente d’alcool est interdite (quelques fois que les électeurs voudraient se soûler et risqueraient ensuite de se tromper de bulletin ?), les rayons d’alcool des supermarchés sont fermés par des tissus noirs. Manque de bol, c’est aussi le jour de la finale de la coupe des confédérations qui oppose l’Allemagne et le Chili au foot. Tout le pays vibre donc au son du slogan « Chi-Chi-Chi-Le-Le-Le, Viva Chile » qui s’éteint en fin d’après-midi, lorsque l’Allemagne remporte la coupe.
Mardi 4 juillet. Réveil matinal pour aller encaisser le chèque de vente et changer les devises. Il pleut. On est soulagés lorsqu’on arrive à l’appartement avec nos liasses de billets ! On reste au chaud l’après-midi, dans un paysage brumeux.
Mercredi 5 juillet. Après une visite à Amalric dans le nord de Providencia, on va se réchauffer et manger au Bistrot, excellent resto français et on marche ensuite jusqu’au Parque Metropolitano, sur le Cerro San Cristobal. On monte en téléphérique Poma flambant neuf, on a une vue en dégradé de gris sur Santiago, son épais couvercle de smog, ses remparts de montagnes enneigées et le ciel délavé.
On redescend à pied, la ville s’illumine dans le froid. Après une pause à l’aire de jeux, on arrive tout en bas. Il fait nuit noire lorsqu’on attrape un taxi chaotique qui nous ramène dans notre quartier.
Jeudi 6 juillet. On finit de trier les affaires qu’on lègue à Amalric et son ami qui s’occupe d’une fondation pour les quartiers défavorisés. Ça tombe bien, nos affaires vont avoir une autre vie par ici. On sort le soir, dans le coin, pour manger avec Amalric et son ami Coco, un ébéniste d’ici. Bon, maintenant, on va devoir caser le reste dans nos sacs ! On a le doit d’avoir 23kg en soute par personne, et 12 kg en bagage à main.
Vendredi 7 juillet. En début d’après-midi, on prend le métro, on traverse le pont qui enjambe la rivère Mapocho et on arrive au pied du Cerro. C’est là qu’est bâtie La Chascona, maison accrochée à la colline, que Pablo Neruda a conçue et faite construire pour Mathilde, sa maîtresse qui est restée sa compagne jusqu’à sa mort.
Le poète, amoureux de la mer, a meublé certaines pièces avec du mobilier récupéré sur des navires. On accède à cette maison qui compte différents niveaux en commençant par une salle à manger toute en longueur qui se termine par une armoire. Les portes de cette dernière s’ouvrent sur un passage secret qui mène à un étroit escalier en colimaçon débouchant sur la chambre (Pablo Nerudo était un indéfectible de la sieste et s’éclipsait parfois pour piquer un somme, laissant ses convives en bas). L’audio-guide collé à l’oreille tout au long de la visite, on déambule entre les différentes parties, terrasses et jardins superbement restaurés avec ce qui a échappé au pillage et à l’inondation dévastatrice provoqués par la junte militaire de Pinochet au lendemain du coup d’état.
On ressort touchés par ce qui émane encore de la maison du grand poète et grand homme de son époque. On descend quelques rues pour aller manger des pizzas et boire des bières locales à la terrasse d’un café du quartier de Bellavista. C’est vendredi, les étudiants sont de sortie, l’air est doux, c’est chouette !
Samedi 8 juillet. On commence les bagages, on s’occupe comme on peut, les garçons tentent de décrocher le ciel sur les balançoires au pied de l’immeuble…
Dimanche 9 juillet. Lorsque Marius est enfin habillé (il faut une sacrée dose de patience), on part vers le quartier de La Florida en métro, on longe quelques rues mi-résidentielles/mi-zone et on arrive à un grand parc qui abrite le MIM, le Museo Interactivo Mirador. C’est une sorte de Cité des Sciences chilienne. S’en suit une journée d’explorations et expérimentations diverses (au milieu de la cohue car les vacances d’hiver ont commencé) : bulles de savon géantes, courants magnétiques, dynamique des fluides, expériences sur l’électricité, nano-sieste sur une planche à clous, atelier d’imprimerie, simulation de tremblement de terre et autres expériences sismiques ! (les gens qui étaient avec nous pour la simulation dans la « casa sismica » ont dit que c’était très réaliste, c’est vraiment impressionnant)…
Bref, les garçons sont tout aussi heureux de leur journée que grognons de rentrer à pied et en métro, malgré deux jeunes slameurs très en verve qui improvisent en décrivant les passagers du métro, ce qui fait beaucoup rire ceux qui arrivent à suivre.
Lundi 10 juillet. Bon, on est un peu en dépassement de bagages, avec nos 95 kg en soute et nos 47 kg en cabine mais on espère que ça ira. Le soir, c’est dernier repas au Rapa Nui, notre cantine santiaguine… Pour fêter ça, les garçons goûtent même à la gélatine à l’orange hyper typique (et hyper chimique) qu’on voit partout depuis le début du voyage mais qu’on n’avait pas oser tester… C’est fluo, sucré, acide, ça bouge tout seul ! Aloïs ne vient pas à bout de la sienne mais sa langue est orange vif. Puis on rentre pour notre dernière nuit sur ce fabuleux continent !
Mardi 11 juillet. Ce matin, tôt, un taxi nous attend dans la nuit et nous dépose, avec tout notre fatras, à l’aéroport. Les formalités sont vite expédiées, et on décolle, non sans émotion… Deux ou trois heures plus tard (on est un peu paumés avec les horaires), on atterrit à Buenos Aires, pour une escale express à la case départ de notre voyage. Dans la zone de transit, on boit une dernière Quilmes pour dépenser nos pesos argentins, les garçons courent dans les couloirs, puis on remonte dans le même avion, qui vient d’être ravitaillé. Direction Amsterdam. C’est long, c’est l’avion… Nous touchons le sol européen dans la matinée du mercredi 12 juillet, sans avoir fermé l’œil (pour Hervé et moi), et nous retrouvons peu après Papou venu nous chercher !! On sort, il pleut des cordes… C’est rassurant, cette pluie qui nous accueille, comme à Buenos Aires il y a 310 jours…
Ah!! Maintenant on a la preuve que Marius ne nous baratinais pas avec son histoire de matelas à clou! 🙂
Whaou… c’est émouvant de lire ce dernier article !! Besos de nous 5 et a très vite 😊
So long America….
Merci d’avoir pris tant de soin à ce blog, c’était vraiment génial pour rester avec vous!
Faudra le refaire en Mongolie!
oui c’était palpitant! Et que de belles photos et details instructifs. Du coup on avait plus de nouvelles que maintenant😁