Les virevoltants

Du 4 au 9 octobre: Iguaçu / Iguazu

Arrivés à la frontière, on sort de l’Argentine, et on roule pendant quelques km dans la forêt et sur un grand pont qui enjambe le Rio Iguazu. Pile au milieu, les bande sur le côté, qui étaient bleue et blanches, deviennent jaune et verte : on est au Brésil. Et si on suit l’amont du fleuve, les rives qu’on voit sont Paraguayennes. On arrive donc au poste frontalier d’entrée au Brésil. On s’engage dans la file des voitures (et pas des bus ni des camions) et là, au moment de passer sous l’auvent en béton, il y a, au même endroit, un gros dos d’âne, et craac, on râpe le coffre de toit, et on reste coincé entre deux poutres, sur le dos d’âne. Impossible de dégager le camping car sans tout arracher… Hervé grimpe sur le toit (ah, quelle merveilleuse idée, cette échelle télescopique !) et entreprend de décrocher le coffre de toit, à moitié plié en deux (Hervé, pas le coffre). Des douaniers viennent nous donner un coup de main après avoir dévié la file des voitures. Lorsque le coffre glisse au sol, il y a de l’eau qui en coule. On rassure les douaniers : il ne contient que des sacs vides, un bidon et des planches. Hervé va se garer plus loin, refixe le coffre, et on va au service de migration pour nos passeports, puis on fait les papiers pour le véhicule avec le monsieur qui nous a aidé. Avec tout ça, personne ne monte faire aucun contrôle sanitaire ! Et pour l’anecdote : le douanier a estimé la valeur du véhicule à 50.000 dollars US : on lui a dit qu’à ce prix-là, on allait vite le revendre ici…

Puis on arrive à Foz de Iguazu, grosse ville compliquée qui monte et descend à pic, on ne trouve pas de supermarché, on est un peu claqués alors on file au camping Paudimar en-dehors de la ville. Ce camping est une institution pour les voyageurs au long cours, et il ne faillit pas à sa réputation, il est trop chouette ! Il fait aussi hostel (avec des chambres et des dortoirs). C’est un très grand et joli terrain, avec de grands arbres plein d’oiseaux, des grands espaces communs agréables : les cuisines communes et les sanitaires font un peu penser aux films des camps de vacances des pays soviétiques. Le camping car est positionné tout près des jeux pour enfants, pas loin non-plus de la piscine et son bar sympa. Et il y a un terrain de foot qui ne tarde pas à être investi par un groupe local. Hervé installe les garçons sur les chaises juste devant le match, ils sont ravis ! On a prévu de passe 4 nuits ici, histoire de se poser un peu après les derniers jours de route, avant de redescendre par le Paraguay.

match en direct!

match en direct!

Mercredi 5 octobre. Le clou du camping, c’est que, comme il fait hostel, il sert un bon gros petit déjeuner dans le réfectoire commun. Il y a des gâteaux fait maison, des œufs (ou des saucisses), des fruits, etc… et même du Tang (en passe d’être la boisson nationale). Aujourd’hui, on a décidé de se poser. Le monsieur de la réception a dit qu’on annonçait de la pluie, alors on ira visiter les chutes d’Iguazu demain. Les garçons s’occupent donc à jouer aux jeux, et Marius fait une « récolte » de plein de choses qu’il entrepose sur la passerelle du toboggan : des grandes feuilles, des écorces, des grosses cosses séchées, des genre de figues dures qui poussent directement sur le tronc d’un arbre, des fleurs, etc…

la récolte de Marius

la récolte de Marius

Hervé démonte le clavier de son ordinateur qui a bu du vin il y a quelques jours, il le nettoie, le remonte, mais sans succès.

gros chantier

gros chantier

Je vais apporter un gros sac de linge à la laverie du quartier, bref, les vacances ! L’après-midi, on fait un peu l’école dehors et Hervé rafistole le coffre de toit pour qu’il ne prenne plus la pluie. De toutes façons, finalement, il ne pleut pas ! A 19h on va tous ensemble rechercher le linge à la nuit tombée et on voit plein de lucioles le long du chemin.

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Jeudi 6 octobre : Ce matin, il fait tout gris… mais une navette est prévue pour nous emmener du côté argentin, en compagnie d’un couple de voyageurs bulgares. Dès 8h, on est prêts, en Kway ! Le monsieur qui nous emmène est très sympa, c’est un argentin, ancien guide du parc des chutes d’Iguazu et arrière petit-neveu de Jules Verne ! (« sobrino bisnieto »). Il nous dit être venu à Nantes pour le centenaire de Jules Verne, et qu’il y a toute une branche de la famille qui vit en Argentine. Il nous laisse à l’entrée du parc, sous la pluie…

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Au moins, il n’y a pas trop de monde. On prend d’abord un petit train ouvert pour aller se promener sur le circuito inferior. Pour l’information expresse, les chutes d’Iguazu sont réparties entre le Brésil et l’Argentine. La plupart sont situées du côté argentin, côté duquel on se promène dans la végétation et on circule d’une chute à l’autre. En revanche, du côté Brésilien, on est face aux chutes. Le circuito inferior est composé de passerelles métalliques qui glissent pas mal, mais le ciel commence à se dégager et ça sèche vite. Il y a énormément d’eau en ce moment (2000m3 par seconde tombent dans l’énorme garganta del diablo nous dira un guide qui accompagne un groupe) et on ne peut pas aller sur l’île San Martin car le niveau de la rivière est trop haut.

on les a entendues... les voilà!

on les a entendues… les voilà!

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On passe donc au circuito superior et on trouve un coin tranquille pour le pic-nic, car les endroits de pic-nic balisés sont envahis par les coatis, ces espèce de ratons à la queue rayées qui sont trop habitués aux visiteurs et extrêmement chapardeurs. Mais un coati réussi quand-même à bondir et chiper notre mayonnaise alors que je préparais un sandwich. Difficile de lui faire lâcher prise ! en plus, le récipient était fermé.

les coatis

les coatis

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ça mouille!

ça mouille!

Puis en revenant par la forêt, on voit un toucan dans un arbre, on passe un long moment à l’observer découper des branches avec son joli bec orange. Un peu plus loin, on aperçoit des singes dans un arbre. Il y a aussi des « urracas » (pies) bariolées qu’on a décidé de renommer « pie-punk » en raison de son look.

118-toucan

pie-punk

pie-punk

On reprend le petit train pour arriver à l’accès de la Garganta del Diablo, ou Gorge du Diable, la plus énorme des chutes. Là, il fait bien chaud ! On voit des tortues et des énormes poisson-chats qui bravent le courant, pourtant à une dizaine de mètres de la chute.

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portrait par Marius

portrait par Marius

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Lorsqu’on est au-dessus de la garganta, le grondement et le souffle sont impressionnants, impossible de distinguer le pied de la cascade en raison du nuage d’embruns.

Garganta del Diablo

Garganta del Diablo

que d'eau!

que d’eau!

Puis on repart vers l’entrée pour attendre notre navette, bien claqués ! En comparaison avec la visite qu’on avait fait il y a 8 ans ½ avec Hervé, il y avait cette fois-ci beaucoup plus d’eau, et le circuit par la forêt pour repartir du salto San Martin, qui n’existait pas, est vraiment joli.

Le soir, comme on a remarqué que le CC est tout le temps penché de mon côté, (et je ne pense pas que ce soit en raison de mon poids…), qu’il tire à droite en conduite et qu’il est vraiment très bas de caisse à l’avant, on décide de trouver un garage demain parce qu’après, au Paraguay, ça risque d’être une autre paire de manches. Du coup, on restera ici sûrement plus que les 4 jours prévus.

Vendredi 7 octobre. Après le petit-déjeuner, Sylvia, notre voisine brésilienne retraitée qui voyage en camion aménagé avec son mari Jairo le plus clair de leur temps, m’emmène voir João, l’intendant, qui appelle le garage de Zé Carlos pour lui parler de notre problème. « Jules Verne » m’explique où est le garage Tres Fronteiras, pas loin d’ici. C’est le garagiste qui s’occupe des voitures de navettes du camping. L’endroit est grand, plein de voitures à moitié défoncées, il y a même un bus et un bateau qui attendent là. Zé Carlos, son fils et un autre mécano font tout de suite monter le CC au-dessus d’une fosse et démontent les roues en quelques minutes. On arrive à l’expliquer et à se comprendre (comme si j’avais fait option portugais-mécanique à l’EII) : ils vont regarder l’état de la lame de suspension et les amortisseurs. Cette lame est notre souci depuis le départ et était également le souci des VW lors du précédent tour des Amériques, mais jusqu’ici les garagistes ont tous dit qu’elle était juste fatiguée… Très vite, il apparaît que les deux blocs de caoutchoucs qui doivent être de part et d’autre de la lame de mon côté n’existent plus du tout, il n’y a absolument plus rien. Du côté conducteur, ils sont très abîmés. On ne sait pas du tout combien de temps va prendre la réparation, s’il va falloir changer la lame, etc…

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On prépare des affaires et un monsieur du garage nous ramène très gentiment au camping. On s’installe dans un dortoir vide pour faire la sieste, puis, alors qu’on est un peu désoeuvrés et dépités, on voit arriver, sur les coups de 17h30, notre camping car, de niveau et réhaussé ! Le garagiste a juste remplacé les caoutchoucs des deux côtés, et nous dit que les amortisseurs et la lame sont en bon état. Ouf ! Hervé ramène le garagiste et teste du coup le CC, il est très content. Ben moi aussi ! Faut bien boire une caipirinha pour fêter ça !

la "goma" (ou ce qu'il en reste)

la « goma » (ou ce qu’il en reste)

Samedi 8 octobre. Ce matin, on prend deux bus locaux pour aller visiter d’abord le Parque das Aves (le parc des oiseaux), puis les chutes du côté brésilien. Les garçons sont ravis par les oiseaux. On peut entrer dans certaines grandes volières, et on revoit donc un toucan.

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C’est un peu triste de voir ces oiseaux enfermés (surtout les aigles…) mais le parc est joli, on est dans la forêt, la végétation est particulièrement jolie et fleurie. Il y a une grande volière pleine de perroquets de toutes sortes et de toutes les couleurs « comme ceux sur les épaules des pirates ». Puis on entre dans une volière en filet, plein de papillons et on voit deux colibris.

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petit colibri!

petit colibri!

Ensuite on va aux chutes, juste à côté. Ce côté-ci est beaucoup moins sauvage, tout est très organisé : on monte dans un car qui nous laisse au départ du chemin unique qui longe la rive face aux chutes pour terminer au pied de la Garganta del Diablo. Il y a beaucoup de monde (on est samedi et il fait beau), et la plupart des gens font la file à chaque point de vue pour se prendre en photo. C’est assez agaçant, et Aloïs, qui s’est planté sur le point de vue pour regarder les chutes avec ses jumelles, doit apparaitre sur une dizaine de photos des gens ! On revoit un toucan sur la cime d’un arbre, les inévitables coatis et un gros lézard (largarto ovario) comme on avait aperçu à la Mision Santa Ana. A la fin, on va sur la passerelle au pied de la garganta, et les embruns sont tels qu’on est complètement trempés des pieds à la tête avant même d’arriver à la moitié de la passerelle (du coup l’appareil photo est resté au sec au fond du sac) ! On remonte par l’ascenseur qui donne une vue impressionnante sur la chute, on reprend le car, le bus, puis Marius fait du stop sur la dernière portion du trajet et un car qui va vers le camping s’arrête et nous y emmène.

vue depuis le côté brésilien

vue depuis le côté brésilien

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Alors que je range les affaires dans le camping-car, j’entends des petites voix françaises inconnues et on voit un Land Rover Defender avec des tentes de toit, plaques belges et volant à droite, juste en face : il n’en faut pas plus aux garçons pour filer jouer avec les trois enfants qui viennent d’arriver! Néoh, le petit garçon, a un ballon. Commence donc une partie de foot franco-belgo-russo-congo-israelo-argentine entre Marius, Aloïs, Néoh et un autre petit garçon. De notre côté, on fait la connaissance de Séverine et Nicolas (d’origine russo-congolaise), les « Itinerantour », des belges expatriés à Saint Barthélémy dans les Antilles depuis 10 ans. Leur voyage est beaucoup plus aventurier car ils doivent déplier leur tente de toit et l’extension sur un côté à chaque bivouac, et surtout tout replier à chaque départ. Bref, on discute, on boit un coup, on est bien contents de rencontrer une autre famille de voyageurs, et on est bien contents d’avoir décidé de rester deux jours de plus que prévu, dont la journée de demain !

Dimanche 9 octobre. Ce matin, les garçons sont debout et prêts en un temps record car on a dit qu’on allait petit-déjeuner avec Ilena, Néoh, Lily et leurs parents. C’est donc un joyeux et animé petit déjeuner, surtout qu’il y a du gâteau au chocolat. Ensuite, gros ménage (enfin !) du CC qui était plein de terre rouge. Les garçons s’initient au 1000 Bornes avec Ilena mais c’est pas très concluant alors ils finissent par tous aller jouer aux billes, au ballon, à ramasser des fourmis pour les observer à la loupe, à faire de la bouillie, à grimper sur les jeux, etc… Bref, on ne les voit pas trop ! Ils sont accompagnés par trois enfants israelo-argentins qui sont là aussi.

1000 bornes... ou presque

1000 bornes… ou presque

Puis, comme Sylvia a fini par nous convaincre d’aller au Brésil plutôt qu’au Paraguay pour redescendre, j’emprunte des guides à Séverine et commence à étudier une ébauche d’itinéraire brésilien. On a donc changé nos plans et n’iront pas au Paraguay. Le pays m’intéressait car il est très peu connu et on comptait ensuite visiter l’intérieur de l’Uruguay en passant par les thermes d’eaux chaudes, mais il faut faire des choix ! On passera par d’autres thermes car il y en a plein en Amérique du Sud, et les routes secondaires uruguayennes nous ont peu fait passer l’envie de nous y aventurer. Aloïs, Marius et Hervé testent rapidement la piscine, jolie mais bien froide. On invite Sylvia et Jairo à boire un coup (l’autre jour on a visité leur camion et ils nous ont raconté que c’était la 8eme fois qu’il revenaient d’Ushuaïa !), puis on passe la soirée avec les Itinerantour. Demain, on reprend la route après 6 jours de vacances !

12 reflexions sur “Du 4 au 9 octobre: Iguaçu / Iguazu

  1. Nico VW

    Je voudrais lever mon verre à la santé du clavier.
    Heureusement que ça ne vous a pas empêché de poster sur le site ! Bises.

  2. BUZENOT

    Esperando el CHILE. Lee y goza, por eso existen poemas.
    Muere lentamente quien no viaja,
    quien no lee, quien no escucha música,
    quien no halla encanto en sí mismo.
    […]
    ¡Vive hoy! ¡Haz hoy!
    ¡Arriesga hoy!
    ¡No te dejes morir lentamente!
    ¡No te olvides de ser feliz!
    Pablo NERUDA (Poeta chileno).

    Ya voy de verdad… ¡¡¡Hasta la vista!!!

    1. Pauline Auteur de l'article

      très joli poème, mais faussement attribué à Neruda… L’auteur est une brésilienne dont j’ai oublié le nom!

      1. BUZENOT

        ¡¡¡Lo siento!!! ¡Claro! Este poema es de Martha MEDEIROS. En muchos espacios en Internet este poema se atribuye indebidamente a mi querido Pablo NERUDA.
        Pablo, pronto, un poema tuyo.
        Martha, ¡¡¡Mil gracias!!!
        Sabri.

  3. BUZENOT

    T’inquiète, laisse nous le Paraguay, on te racontera : histoire, carte, photos, commentaires, légendes et petites anecdotes croustillantes…
    Cool, les chutes d’Iguazu, j’adore!!!
    Bon courage avec le CC…
    Bonne continuation…
    Je file, je vais me préparer pour un petit séjour de 3/4 jours en famille à côté de Toulouse. Je n’ai absolument rien lu, libre cours à la découverte… Quel plaisir!!!
    Oui, je sais, c’est pas l’AMERIQUE LATINE…
    Enjoy! Disfrutad! Bref, kiffez quoi!!! Allez, VOY.

  4. Manue

    rhoo mon commentaire a disparu … Je disais trop chouette de vous suivre !! beaucoup de zenitude au regard des petites galères croisées sur le chemin … pas sûre d’être capable d’en faire autant 😉 Continuez à bien profitez !! Bises de nous 5

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