Les virevoltants

Du 31 janvier au 5 février : de Pargua à Villa la Angostura (514 km – 14 224 km parcourus)

Lorsqu’on débarque du ferry, on va en direction de Puerto Montt, mais Le GPS, ou Hervé (ou les 2), bugue et du coup, on loupe l’entrée de la ville. Comme on est sur l’autoroute, on continue jusqu’à Puerto Varas, petite ville à fort héritage allemand installée au bord du Lago LLanquihue. On est en pleine saison touristique, tout est bondé, impossible de trouver une place… On ressort de la ville, et après les pleins divers et variés, on longe le lac tout bleu surmonté par le cône blanc du volcan Osorno.

cache-cache avec le volcan

On va jusqu’à Petrohue, sur le Lago Todos los Santos. Il y a encore énormément de monde, mais on parvient à circuler sur un nouveau type de ripio : le ripio de cendres volcaniques ! Le volcan Calbuco est entré en éruption en avril 2015 et il reste une grosse couche de cendres noires sur les côtés de la route. On se pose devant le lac, sur le parking de cendres, et on va se promener près du lac. Marius fabrique une canne à pêche avec un morceau de ficelle bleue trouvée par terre, mais il n’a pas d’hameçon (et ça vaut mieux).

Lago Todos los Santos

Puis on va prendre un goûter au lodge chic (on dénote à peine, avec les garçons barbouillés de poussière noire !) pour avoir du wifi et confirmer nos billets d’avion de retour. Le soleil couchant éclaire de rose le volcan Osorno au-dessus de nous et le Puntiagudo, un autre volcan de l’autre côté du lac. Il fait 28°c à l’intérieur à 21h…

Osorno en tenue de soirée

la petite pyramide rose, c’est le Puntiagudo

Mercredi 1er février: Ce matin, le vent souffle et soulève énormément de poussière. Résultat : Hervé a une allergie. Je vais au bord du lac avec les garçons pour laver (et trier) tout le contenu de la boite à trésors de Aloïs qui sent horriblement mauvais (la boite, pas Aloïs), à cause des pinces de crabes et coquillages pas bien vidés… L’après-midi, on tente une sieste sans succès puis on repart en longeant le côté Est du grand lac, puis on bifurque dans la forêt, on grimpe bien raide et on ressort au-dessus de la limite de végétation, sur le volcan Osorno. On se gare à 1270 m d’altitude, sur le parking en roche volcanique du télésiège. La vue est incroyable : en face, en contre-bas, s’étend le lac tout bleu. Juste derrière nous, au-dessus, le cône du volcan trône tranquillement. L’Osorno a la particularité d’avoir un cône très régulier car les éruptions n’ont pas lieu au somment, mais dans une série de cratères tout autour de la base.

ça c’est du bivouac! côté pile…

… côté face

Les garçons sont tout excités de voir le télésiège, mais il est déjà arrêté. Du coup, ils jouent au milieu de la lave refroidie.

terrain de jeu

On admire le coucher du soleil sur le lac, wouahou ! La nuit s’annonce bien calme (on est 3 fourgons sur l’immense terrain), et bien fraîche, aussi.

oui oui, on regarde, mais la température chute vite!

Jeudi 2 février: En effet, bien fraîche, surtout sur le matin, qui est également bien humide : on se réveille en plein dans les nuage!. On ne voit plus du tout le lac en contre-bas, ni le volcan pourtant juste au-dessus. On attend que le télésiège démarre et surtout, une percée, et hop, on saute sur les sièges. La fenêtre de temps clair est de courte durée, et bientôt on distingue à peine le siège du devant… Mais les garçons sont quand-même ravis.

normalement, là-devant il y a le volcan…

un camping car de Playmobil!

Après avoir débarqué, on se dirige pour la promenade au Crater Rojo. Bon, on ne voit pas à 10m, dans le brouillard ! On met un pied devant l’autre avec précaution pour ne pas dévaler la pente, bien raide de chaque côté, et on arrive au cratère rouge, mais on n’y voit presque rien… On est recouvert de minuscules gouttelettes. On redescend au camping-car, un feu frigorifiés.

on suit bien la crête

le cratère rouge

Après le repas, on amorce la descente vers le lac, en en quelques dizaines de mètres, on repasse sous le brouillard. Il y fait nettement plus chaud ! on continue jusqu’au village « Las Cascadas », qui ne doit être réveillé qu’en été et on bifurque vers la cascade. La piste en sable est vraiment pourrie, plein de bosses, alors on se gare dès qu’on peut et on continue à pied, bien avant le « parking » officiel. On marche le long de la rivière dont les abords sont en vrac : enchevêtrement de troncs et de branches, on ne sait pas trop si c’est l’oeuvre de bulldozers ou d’une crue récente. L’accès n’est pas facile, on traverse la rivière sur des troncs, on descend une échelle de bois, on crapahute dans les pierres… Pourtant, des familles chiliennes au grand complet, portant des chaussures de ville à semelles compensées et chargés de glacières et bébés de quelques semaines, suivent vaillamment le chemin. On est dans une gorge dont les parois sont très vertes, recouvertes de végétation luxuriante.

Au bout d’un moment, on marche entre la rivière et la parois dégoulinante et on se fait arroser. C’est là que je mets mes chaussures à l’abri dans le creux d’une roche, car il faut traverser la rivière à pied, dans l’eau bien froide et le courant. Hervé fait des aller-retours pour porter les garçons. On arrive au pied de la puissante cascade, très jolie, et pleine d’arcs-en ciel. On ne reste pas longtemps car on est vite trempés et le souffle de l’eau qui tombe n’est pas chaud…

Puis c’est le chemin inverse, et on va garer le CC près de la plage de sable noir et collant, au bord du lac. Ça fait un bivouac pas mal, surtout que le tourisme ici est principalement chilien, et le chilien est visiblement bien plus calme que l’argentin, du moins la nuit !

Vendredi 3 janvier. Super nuit : il a bien plu, puis on a entendu le moteur du marche pied… Hervé s’est levé, puis s’est couché sous le CC (dans le sable trempé) après avoir sorti sa caisse à outils de la soute pour éteindre le dispositif. En remontant, il s’est trompé d’interrupteur (celui de la lumière est à côté de celui du marche-pied) et a donc ré-enclenché ce dernier. Retour sous le CC… Puis, comme Aloïs chouinait dans son sommeil, on l’a pris avec nous dans la capucine. Au bout d’une heure serrés comme des sardines, je me suis rendue compte qu’il avait commencé à faire pipi au lit… Bref, une bien bonne nuit ! Le matin, on va vers Osorno (la ville, pas le volcan) pour une bien bonne journée. Aller à la banque qui permet de retirer de l’argent sans commission : ah, elle est en travaux. Bon, on va à l’usine de gaz pour remplir la bouteille vide. On rencontre Philippe, qu’on avait vu au Bosque Encantado ! Il est dans le coin parce qu’une de ses juments participe à un concours juste à côté. Le gaz facilement rempli, on part faire des courses au supermarché qui a un parking pratique pour nous. En plus, à côté il y a un magasin de bricolage. Hervé y recroise Philippe ! On part ensuite vers Entre Lagos, village au bord du lac Puyehue (Vous l’aurez compris, nous sommes dans la bien-nommée Région des Lacs), sous la pluie battante. Pas possible de s’y garer, il y a une fête et des voitures partout. On tente deux campings au bord du lac : ils sont complets et l’accueil y est aussi désagréable que les prix sont chers. On continue encore jusqu’au camping d’Anticura. On est maintenant plus loin que le lac, dans la forêt, non-loin de la frontière argentine. C’est très joli, l’accueil y est très sympa. On arrache quelques petites branches en allant à notre emplacement, je limite pourtant les dégâts en soulevant des branches avec un gros bâton, au-dessus des panneaux solaires et du coffre de toit. A l’entrée, il y a une grande et belle salle avec un feu, des banquettes, un hamac et un petit resto. Le soir, on mange là-bas et on fait la connaissance de Cédric, un français qui vit sur le continent depuis quelques années et voyage pour le moment en vélo. C’est d’ailleurs à la lumière de son phare avant qu’on rentre au CC à 200m de là…

Samedi 4 février. Bonne grosse pluie encore à l’aube. On pense à Cédric qui est parti en vélo au petit jour ! ça n’arrange pas Hervé qui veut refaire des joints. Puis le soleil perce les nuages, les garçons jouent dehors, et on mange en compagnie d’un colibri qui vient butiner dans les fleurs oranges d’une liane à côté de nous ! L’après-midi, Hervé se repose et bricole pendant que je pars avec les garçons sur le sentier du Salto del Indio. On traverse une superbe forêt humide. On trouve un gros arbre mort d’une dizaine de mètres qui tient debout tout en étant tout creux.

dans l’arbre « magique »

à plus de 10m!

Puis on arrive sur la berge de la rivière d’où on voit la Cascade de l’Indien, et on découvre… des pierres qui flottent ! Ce sont des petites pierres blanches qui viennent de l’éruption du volcan Caulle en 2011. L’éruption a fait des gros ravages, surtout en Argentine, car des tonnes de cendres y ont été déversées, sur des dizaines et des dizaines de km.

Salto del Indio

les petites pierres qui flottent

Puis on continue vers le joli Salto de la Princesa. Il reste une troisième cascade, mais les garçons en ont un peu marre, et Aloïs a touché une digitale sans faire exprès alors il veut vite rentrer se laver les mains.

Salto de la Princesa

On coupe à travers la forêt bien dense, on se perd un peu mais pas trop… Le soir, Hervé, Marius et Aloïs ont décidé de dormir sous la tente (comme si on avait déjà trop de confort dans le CC…) alors ils passent un moment à faire leur installation, à activer leur lape dynamo, à déménager un stock de livres, etc… Moi, je reste au chaud dans la super grande capucine rien que pour moi, chouette !

Dimanche 5 février. Il a fait bien frisquet et humide cette nuit mais ça n’a pas gêné les campeurs. On lève le camp en début d’après-midi et on revient un peu sur nos pas pour aller aux thermes de Aguas Calientes. C’est archi-bondé de monde, comme on l’imaginait, mais on décide de traverser le petit pont au-dessus de la rivière, on longe cette dernière et on arrive aux « pocitos » : des trous creusés dans le bord de la rivière, sur une faille de lave. L’eau qui en remonte est très chaude. Il y a plein de familles qui sont installées dans ces « baignoires » et qui creusent en permanence. L’eau est donc assez trouble, voire marron. Les garçons investissent un trou où barbote une petite fille, puis s’incrustent carrément avec toute la famille.

dans leur jus

Ils se barbouillent de boue noire, comme les dames d’à côté (chouette, on leur a lavé les cheveux ce matin). Hervé met les pieds dans un bassin qui fume, mais pas longtemps ! après avoir rincé les garçons dans la rivière qui est bien plus froide, on repart : la frontière nous attend et il est 17h passées! La sortie du Chili est noire de monde, mais ça va assez vite. On traverse ensuite un grand no man’s land de 30 km. Le paysage est encore très marqué par l’éruption de 2011, les arbres calcinés se dressent au milieu de champs de cendres. Il y a un côté lunaire et surréaliste, mais c’est quand-même très beau, avec les montagnes en toile de fond.

paysage de cendre

Quelques km avant l’arrivée à la frontière argentine, on tombe dans un embouteillage : une file interminable de voitures est presque à l’arrêt. On met plus de 2h à traverser la frontière : l’Argentine est devenue tellement chère que les Argentins vont en masse faire leurs courses au Chili, et doivent présenter toutes les factures à la frontière. Certains doivent payer des taxes sur les produits achetés. Bref, ça prend un temps fou, et on ne peut pas dire que l’organisation des douanes soient des plus performantes… Bon, nos passeports tamponnés et le nouveau papier d’importation temporaire du véhicule imprimé, nous partons vers Villa la Angostura, sise au bord du très grand lac Nahuel Huapi. On se pose près de l’entrée du parc los Arrayanes, sur un parking bien poussiéreux et à peu près vide à cette heure tardive.

6 reflexions sur “Du 31 janvier au 5 février : de Pargua à Villa la Angostura (514 km – 14 224 km parcourus)

  1. VOIRIN

    Vous êtes devenus des as de la photo!! De beaux instantanés de vie!! C’est vraiment top ce blog! Seul défaut, c’est quand tu quittes l’écran chez toi et que tu te retrouves juste face à la grisaille montreuilloise…! La bizz à toute la famille!!

  2. Mamouna

    quelles belles photos et quels beaux paysages.
    Ah depuis le temps que Hervé voulait camper, voilà qui est fait, vous n’avez pas emmené la tente pour rien!
    Pas de photos des dames pleines de boue?

    1. Pauline

      Déjà que l’invasion des deux maigrichons pâlots a été remarquée au milieu des familles chiliennes, on est restés discrets avec les photos..

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