Les virevoltants

Du 30 septembre au 4 octobre: Paysandú – Foz do Iguaçu (1053 km – 1856 depuis le départ)

 

Vendredi 30 septembre : à 11h, on quitte les thermes après un dernier plongeon promis aux garçons (et une bonne douche chaude !) On finit tous nos fruits et légumes en vue du passage de frontière à Paysandu car nous repassons en Argentine. Le passage se fait facilement, le douanier argentin qui monte dans le véhicule ne contrôle pas la nourriture et dit quelques mots en français aux garçons qui sont assis bien sagement. Lorsqu’on traverse le pont international au-dessus du Rio Uruguay, il tombe quelques gouttes. Normal, depuis notre arrivée, à chaque passage de frontière, il pleut… On arrive à Colón (comme la station de métro de Valencia, n’est-ce pas Lucie et MM), de l’autre côté de la frontière, où on s’arrête pour manger et faire le plein de fruits et légumes chez un petit marchand sympa. Puis on repart jusqu’au Parque Nacional El Palmar, qui, comme son nom l’indique, est une palmeraie où on trouve la plus grande concentration de palmiers Yatay à cette latitude. Sur la piste qui traverse le parc, on croise des carpinchos – ou capybaras – les plus gros rongeurs qui soient, on dirait des très gros cochons d’inde de la taille de sangliers, et un renard gris qui nous regarde passer pas du tout apeuré.

Aloïs expérimente la piste

Aloïs expérimente la piste

capybaras et renard gris

capybaras et renard gris

Les couleurs de fin d’après-midi sont superbes, et on va se garer au bout de la piste après avoir bifurqué à droite pour éviter le camping réputé désagréable et cher. Il y a un panneau « no acampar » un peu avant la fin de la piste mais rien sur le petit parking où on s’installe. Devant nous, juste avant le rio, il y a des ruines qui datent probablement d’un site d’exploitation jésuite et guarani. On descend se promener vers la plage où sont regroupés quelques grands oiseaux noirs à tête rouge : des urubus (de la famille des vautours). Aloïs veut continuer sur un chemin mais il fait déjà presque nuit alors on rentre au camping car. Le soir on entend juste des bruits d’animaux, on regarde sur nos téléphones : aucun réseau et aucun wifi en vue !

84-plage

vol d'urubu

vol d’urubu

On entend une voiture qui vient se garer tard et on regarde par la petite fenêtre : ce sont des gens avec des lampes de poches qui viennent pêcher, ils ont leurs cannes, leurs chaises et… leur thermos pour le maté.

 

Le matin du samedi 1er octobre est frais et ensoleillé. On part se promener sur le sentier « histórico » qui parcourt la forêt le long du rio, passe près de ruines et sur des petits ponts de bois. La forêt à cet endroit n’a pas de palmier, c’est la forêt typique de la zone humide du rio, avec des lianes aux arbres et de la végétation autochtone. On reprend ensuite le camping car pour aller au départ d’une autre promenade, plus à l’intérieur du parc. On se gare sur un terrain qui surplombe une vallée pleine de palmiers, c’est très joli. Le sentier descend vers une rivière et un bassin naturel. On cherche des empreintes d’animaux dans le sable au bord de l’eau mais on voit surtout des empreintes de chaussures et des crottes de capybaras ! L’après-midi en repartant, on revoit un renard gris, et un ñandu (un cousin américain de l’autruche) et toujours beaucoup d’oiseaux.

forêt des bords du fleuve

forêt des bords du fleuve

"regarde, maman, tous les jolis cailloux que j'ai trouvés"

« regarde, maman, tous les jolis cailloux que j’ai trouvés »

bassin naturel

bassin naturel

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On va vers le point de gaz indiqué près de Concordia, mais le type nous dit d’abord qu’il n’a pas de propane, et puis qu’il n’a pas le bon raccord et l’atelier avec les raccords est fermé parce que c’est samedi après-midi. Il nous dit qu’il y a une usine Extragaz à Candelaria (à au moins 500 bornes) qui sera ouverte lundi matin et pourra nous remplir la bombonne de propane. Bon, on s’en va et on profite que la route soit bonne pour dérouler les km. On sort de la province de Entre Rios, réputée notamment pour ses policiers ripoux dont l’activité favorite est d’escroquer le voyageur étranger. Par chance, on a croisé que des contrôles dans le sens inverse. En fin d’après-midi, on s’arrête dans une station service pour y bivouaquer. Hervé recule pour se garer et il défonce une jardinière assez haute. D’abord en reculant, puis en avançant pour essayer de dégager le pare-chocs qui, du coup, est tordu… Un monsieur brésilien, qui était en train d’arriver vers nous en voyant notre Iveco (et lui aussi voyage à bord d’un Iveco un peu plus petit), aide un peu Hervé a reclipser le pare-chocs. Il est très gentil et enthousiaste. Avec sa femme, ils vont vers le sud et ont déjà pas mal voyagé, notamment en Europe. Ils nous proposent de stationner chez eux près d’Iguazu mais ils ne seront pas là quand nous y passeront. On va dire à la station qu’on a cassé leur jardinière et ils nous réclament 400 pesos pour la « réparation » des 4 plaques de glaise collées et peintes en bleu et blanc. Bon. Hervé veut prendre une douche mais c’est le défilé des routiers. Au moins il y a un peu de wifi, mais mon ordinateur fait la grève du wifi alors c’est un peu la galère mais j’arrive finalement à publier sur le blog au doux son des camions qui vont et viennent. Les bivouacs un peu pourris, ça fait aussi partie du voyage.

 

Dimanche 2 octobre : réveil à la station, on a finalement pas trop mal dormi. Hervé refixe bien le pare-chocs, puis c’est une journée de route. Ça roule bien, la route est bonne (sauf les déviations), on met un DVD aux garçons.  Pas facile pour eux s’enchainer deux journées de route, surtout qu’on finit à Candelaria, dans une station service pas loin de l’usine de gaz, sous la pluie tropicale, et qu’ils ne peuvent donc pas sortir prendre l’air. Il y a de la boue rouge partout et on est garés à côté des poubelles !

moins glamour, comme cadre!

moins glamour, comme cadre!

Lundi 3 octobre : ce matin, on mange des tartines grillées ! on a un super grille-pain à l’ancienne, une plaque percée qu’on met sur le gaz, comme celui qu’on avait au Vaublanc quand j’étais petite ! Puis on va à l’usine de gaz. Les types nous disent qu’ils n’ont pas le bon embout, je vais parler avec le chef, il me dit qu’on a une bouteille de 8kg et qu’il ne peut pas mesurer parce que lui remplit des bouteilles de 10 ou 45 kg. Il me dit d’aller plus loin à une pompe et que si je n’arrive pas à faire remplir la bouteille, je dois revenir le voir. Bon, ça commence à bien faire, cette histoire de gaz !! On trouve l’endroit, une pompe de GPL pour voiture. Le jeune employé bricole un adaptateur pour que sa pompe puisse remplir notre bouteille, Hervé se fait confirmer 5 fois que c’est bien du propano, et le type dit oui oui, et « 8kg, ça fait à peu près 12 litres » et il remplit la bombonne en 3 minutes. On ne sait pas trop ce qu’il y a dans notre bouteille, c’est pas très rassurant, mais on verra bien en se branchant ! On s’arrête plusieurs fois sur la route parce qu’on croit sentir le gaz mais non, tout va bien. J’apprends plus tard sur internet que le GPL est un mélange de butane et de propane. On privilégie le propane dans notre bouteille car le propane ne gèle pas, mais là on va plutôt vers le chaud !

On se dirige ensuite vers la mission de Santa Ana, une ancienne « réduction » jésuite. Il y en avait plus de 40 dans la région (entre le Paraguay, l’Argentine et le Brésil) mais il ne reste que 6 visible, enfin, bien en ruines quand-même. Santa Ana est au milieu de la selva (la jungle), et le guide nous explique le plan commun à toutes les réductions qui ont été en service entre 1600 et 1763 à peu près, date à laquelle la couronne espagnole a mis fin à ce fonctionnement qui prenait beaucoup d’ampleur et d’autonomie (il y avait jusqu’à 4000 personnes par mission : 2 ou 3 jésuites et le reste de familles guaranies). On visite le site presque seuls, dans la selva, l’ambiance est très calme, très particulière, un peu hors du temps.  Il reste très peu de vestiges mais c’est très joli, la végétation est luxuriante. On voit passer un énorme lézard (gros comme le bras de Hervé). Les maisons guaranies sont presque toutes démolies, le cimetière abrite maintenant les tombes d’émigrés japonais, ukrainiens, allemands, etc.. ; venus s’installer sur ces terres à partir du début du XXeme siècle. On trouve un arbre qui est en train d’engloutir un mur !

entrée de la mission de Santa Ana

entrée de la mission de Santa Ana. Au loin, les ruines de l’église

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ruines de l’église

englouti!

englouti!

On mange sur la route puis on va visiter San Ignacio Mini un peu plus au nord. C’est la mission la mieux conservée car elle a été en partie reconstruite avec les pierres d’origines dans les années 1940. Du coup c’est beaucoup plus touristique, et elle se situe dans un village, donc c’est moins sauvage, mais le site, surtout l’église et la partie du cloitre est vraiment très beau. C’est immense, et les murs des maisons guaranies, sous les grands arbres, sont parfaits pour jouer à cache-cache !

San Ignacio

San Ignacio

cloître de la mission

cloître de la mission

entrée de l'église immense

entrée de l’église immense

trouvés!

trouvés!

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On continue ensuite notre remontée vers le nord et on s’arrête à la nuit tombée dans un camping plein de boue (on aura compris : ici la terre est un genre de latérite, très rouge, très fine, qui tranche avec le vert sombre de la végétation. Elle s’infiltre partout et se transforme en boue bien collante dès qu’il pleut). Il y a aussi plein de crottes de chiens (et trois gros chiens qui vaquent), et un voisin qui met de la musique pourrie avec des grosses basses jusqu’à 1h du matin. Trop sympa, comme nuit…

 

Mardi 4 octobre : aujourd’hui on va passer au Brésil ! Mais avant, on va faire une visite que les garçons attendent avec impatience depuis plusieurs jours : la mine de géodes de Wanda, au bout d’une route caillouteuse. On visite d’abord un affleurement : environs 4 mètres de terre ont été dégagés pour arriver à a couche de roche dans laquelle sont emprisonnées les géodes de quartz (blanc), d’améthyste (violettes) et d’agates (jaunes et marrons). La jeune guide débite son texte à toute allure puis nous allons vers un filon qui a été exploité et entrons dans des cavités qui ont été creusées à la dynamite et à la barre à mine. D’ailleurs, on entend des explosions et on entend le sol vibrer depuis l’exploitation d’à côté. On voit des grosses géodes qui ont probablement été abimées par les explosions et sont restées dans les parois. Les garçons farfouillent le sol à la recherche de débris de quartz, ils cognent consciencieusement des bouts de roches.

restes de géodes

restes de géodes

mariposa

mariposa

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prospecteurs

prospecteurs

En repartant, on voit un petit nid compact avec des tous petits insectes, sur un mur : la guide nous explique qu’il s’agit de mini-abeilles qui produisent un miel rare et cher.

mini-abeilles

mini-abeilles

Puis elle nous entraîne vers le magasin de souvenirs et s’applique à expliquer chaque rayon : « là, nous avons les mobiles, ici les porte-clefs, là les matés, ici la salle des bijoux, etc… » tout est bien rodé pour le touriste ! Petit arrêt plus loin pour manger tous nos fruits et légumes déclinés en deux salades originales (mangez 15 fruits et légumes par jour…) et nous nous dirigeons vers la frontière. A Puerto Iguazu, une nouvelle brigade veut nous faire payer une taxe éco-touristique, comme si le touriste n’était pas déjà assez ponctionné entre l’hébergement et l’accès au par des chutes d’eaux. Mais chaque gouvernement invente de nouvelles taxes. Nous refusons poliment au prétexte que nous n’allons pas à Puerto Iguazu, mais directement à Foz, au Brésil. Le monsieur nous laisse passer et nous avançons tous guillerets vers la frontière.

4 reflexions sur “Du 30 septembre au 4 octobre: Paysandú – Foz do Iguaçu (1053 km – 1856 depuis le départ)

  1. BUZENOT

    Mélissa et Rodrigue, après leur séjour d’un mois chez des amis à Granada, cet été, se sont mis eux aussi peu à peu à l’espagnol. Rodrigue maîtrise bien le mot « guapa », tout le monde le prenait pour une petite fille, et « PISCINA » vu que Carlos avait une piscine en casa. Le flamenco n’a plus de secret pour eux après le concert en los jardines del Generalife (ALHAMBRA). Mélissa se prend pour la bailaora Rocío Molina qd elle porte ses chaussures rouges espagnoles. Bref, l’ambiance quoi!!!
    Bonne continuation à vous.

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