Les virevoltants

Du 15 novembre au 5 décembre : de Playa Canteras à la Laguna Azul (1872 km – 9135 km parcourus)

Au fil de la Patagonie Atlantique

« Al vent, la cara al vent, el cor al vent, les mans al vent, les ulls al vent, al vent del Mon »… (« Al Vent » de Raimon. « Au vent, le visage au vent, le cœur au vent, les mains au vent, les yeux au vent, au vent du Monde »)

Mardi 15 novembre : le vent souffle toujours très fort mais le temps est clair. Nous partons pour Puerto Madryn pour une série de tâches : remplissage du gaz, courses, petit resto, et Hervé s’offre même des jumelles qui nous ont bien fait défaut à Valdes… Puis on sort de la ville, on fait le plein de gasoil et d’eau et on va jusqu’à Trelew, un peu plus au sud. Cette ville fondée par des gallois (tout comme Rawson, Davon et Gaiman) est située au niveau de la vallée du fleuve Chubut. Il y a donc un peu de végétation et même des arbres ! On trouve une station service qui nous abrite du vent pour passer la nuit.

Mercredi 16 novembre. Direction le garage Iveco en périphérie de la ville, car le voyant des injecteurs s’est allumé hier après la mauvaise piste pour rallier Puerto Madryn, et les amortisseurs sont tout mous… Il fait gris et il pleut. Le camping car est tout de suite pris en charge par deux mécanos (qui n’ont pas trop l’air de parler gallois, mais il faut dire que peu de personnes parlent encore le gallois à Trelew). Le mécano principal nous dit que les amortisseurs sont cassés. Pendant qu’il les remplacent, on fait un peu d’école à la réception du garage puis on va jusqu’au centre commercial pas loin. C’est trop chouette, on se croirait à Rosny, et il y a plein de décorations de Noël et même le traineau du Père Noël pour se faire prendre en photo. Ça nous semble totalement incongru !  Retour au garage, le monsieur nous dit qu’il aurait fallu mettre des amortisseurs renforcés parce qu’on est très lourds (ah bon ?) mais qu’il n’en n’avait pas. Il a aussi changé la pompe de gasoil et branché la valise pour effacer des anciens défauts. Bon. On va ensuite visiter le Museo Paleontologico Eugidio Feruglio, situé en face d’une ancienne gare au toit de tôle violette. Le Chubut est une région assez désertique dans lequel un tas de fossiles de dinosaures très bien conservés ont été découverts. On peut toucher un fémur fossilisé (grand comme moi) à l’entrée. Il y a ensuite plusieurs pièces où sont disposés des squelettes d’animaux préhistoriques comme l’ancêtre du rhinocéros, du cheval, un tigre à dent de sable, des énormes carapaces de tatous… Et surtout des grands fossiles de squelettes de dinosaures. Ça a beaucoup plu aux garçons même si la bande son avec des bruits de dinosaures (bon, si ça se trouve ils ne faisaient pas de bruit…) a un peu impressionné Marius. Il y avait aussi le moulage de la pâte de la plus grosse bestiole jamais découverte qui a été trouvée dans la région en 2013. Il est estimé à 76 tonnes ! Une petite video explique sa découverte. Dans le hall, on voit aussi des jolis œufs de dinosaures fossilisés dont la coupe ressemble beaucoup à une géode.

Alois apprivoise la bestiole

Alois apprivoise la bestiole

le gigantus

le gigantus

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Puis on roule jusqu’à Rawson qui nous parait bien morne et peu accueillante, on laisse quelques kilos de linge à la laverie et on continue jusqu’à Playa Union, au bout de la route. On se gare sur la plage de cette petite station balnéaire paisible qui doit être beaucoup plus agitée en pleine saison. L’activité des jeunes du moment semble être de s’asseoir sur le trottoir, dos à la mer, pour boire du maté. On a beau scruter les vagues, on n’aperçoit pas de dauphins de commerson… Du coup, on s’attaque à chasser toute la poussière accumulée sur le ripio, et ce n’est pas une mince affaire, il y en a partout !

Jeudi 17 novembre : journée tranquille à Playa Union : rangements, rédaction du blog, jeux sur la plage, etc… Dans l’après-midi on cherche un endroit de bivouac un peu plus sauvage pour faire un barbecue mais les alentours de la ville sont venteux et très sales. On rebrousse chemin et on va se garer sur le dernier parking de la plage.

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Vendredi 18 novembre. Ce matin, Hervé vide toute la soute et la range après avoir vidé tout le sable pendant que les garçons jouent sur la plage et que je vais voir une dame éléphant de mer qui est toute seule sur la plage. Puis, alors que Hervé lave les panneaux-solaires et que Marius regarde la mer perché sur le toit du CC, ce dernier s’esclame « des dauphins ! ». On voit 4 petits dauphins noirs et blancs jouer dans les vagues au loin. Marius n’est pas peu fier de les avoir vus en premier.

ah, la soute...

ah, la soute…

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En fin de matinée, nous voyons arriver le joli Sprinter vert de Françoise et Alain, des retraités voyageurs qu’on avait déjà rencontré à la Playa Pardelas. Marius et Aloïs se mettent à leur raconter des tas de trucs et vont visiter leur camion (et moi aussi). On leur donne nos chutes de film plastique anti-effraction qu’on vient de coller (non sans pester) sur nos phares. Après le repas et le maté, Hervé et Alain vont se tremper vite fait, mais l’eau de l’Atlantique en Patagonie est décidément bien froide !

alors Marius, elle est bonne?

alors Marius, elle est bonne?

dame éléphant de mer

dame éléphant de mer

Puis on va faire laver le CC en se faisant bien arnaquer, on va rechercher notre linge propre et bien imprégné d’adoucissant (certainement le produit le plus utilisé ici après le maté) et on retourne à la station service de Trelew et ses bonnes douches chaudes.

Samedi 19 novembre. On part voir un mécano spécialiste des suspensions pour lui demander si le CC est bien prêt pour la suite du voyage, mais son agenda est plein et il nous dit qu’il ne peut rien faire de spécial sur notre camping car. On reprend la route. Petite pause pour acheter des cerises sur le bord de la route.

Le Temps des cerises dans le Chubut

Le Temps des cerises dans le Chubut

Puis on bifurque et on prend une piste au milieu du désert de Patagonie : c’est plat, plein de petits buissons, de guanacos, quelques moutons, à perte de vue… La piste nous mène, après une descente bien raide, à la Playa Isla Escondida. C’est une anse avec une plage de graviers, très jolie, et une colonie d’éléphants de mer. Un gros mâle dort, des femelles dorment d’un œil et des petits font semblant de dormir ou nagent dans la piscine naturelle formée derrière une barrière de rochers. Le vent est bien vif ! Je vais voir les animaux avec Marius qui n’est pas du tout rassuré de passer près du gros mâle, surtout lorsque ce dernier bouge et qu’il pousse ses grognements. Après le coucher de soleil, on ressort avec Hervé, c’est assez rigolo de voir les éléphants de mer se trainer, grogner… Le mâle se sert d’autorité des femelles (beaucoup plus petites) comme oreiller.

le maitre de ces lieux

le maitre de ces lieux

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Dimanche 20 novembre. Le matin, le soleil se charge vite réchauffer l’habitacle et je pars avec Aloïs faire une promenade le long de la plage pendant que Hervé fixe une moustiquaire métallique devant le radiateur du camping car en s’écorchant les mains.

360-bricolageTout le groupe d’éléphants de mer est là, et cette fois le mâle pend son bain dans la petite piscine et fait des tas de gargarismes.

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on essaie d´échapper á la sieste?

on essaie d´échapper á la sieste?

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On reprend la piste et on croise ses animaux desséchés et accrochés aux barrières à l’entrée des estancias qu’on traverse, c’est assez bizarre… On roule longtemps à la recherche d’une station service pour faire le plein d’eau car on en a plus du tout… Puis on continue jusqu’à Camarones, petit bourg niché dans une baie après quelques collines pelées. C’est la « capitale du saumon blanc », notamment en été. On se gare sur un petit parking devant la mer. C’est très calme et le village est bien entretenu. Soirée boulangerie et nuit bien tranquille.

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Lundi 21 novembre.

Promenade au soleil dans les rues pour faire quelques courses. Les fruits et les légumes sont très sommaire dans cette région où rien n’est cultivé et tout est importé du nord. On se met aussi en quête de poisson et après avoir pas mal tourné et demandé aux gens, on frappe à la porte de Carlito qui nous vend (c’est son second emploi, non officiel) 1 kg de merlu, 1kg de langostinas (des très grosses crevettes) et 500 g de crabe cuit et congelé pour moins de 15 euros. On rentre au CC et on entreprend de faire dégeler le crabe pour ce midi. Du coup on mange très tard ! Alors qu’on se dit qu’on va tout replier pour aller voir les manchots, on voit le Defender des Itinerantour se garer juste devant nous ! J’ai l’impression que les manchots vont devoir attendre… On va s’installer dans le camping municipal à côté qui n’est pas en service, mais en rénovation (on nous y autorise à y aller gratuitement). Il y a de l’eau, de l’électricité et des installations pour faire des barbecues. Les enfants partent directement explorer les recoins et se raconter leurs aventures depuis Valdes. Nous, on prépare un festin pour 9 personnes : gratin dauphinois, salade de chou kale, et barbecue poisson, langostina et viande ! Les enfants regardent un dessin animé pendant que les parents prennent l’apéro et que le reste cuit. Hervé et Nicolas se relaient avec la pelle pour aérer les braises, ce qui fait bien rigoler les argentins. On a une belle tablée et on se régale !

Camarones

Camarones

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Mardi 22 novembre.

Encore une journée bien tranquille et ensoleillée. Les enfants jouent, j’écris le blog, on trie des photos, on paresse au soleil, on discute avec les amis… Dans l’après-midi, j’emmène tous les enfants faire un tour sur les rochers pendant que Hervé et Nico vont aux provisions. Comme ils rapportent de nouveau plein de viande, on doit rallumer l’asado et Hervé débite vaillamment une palette à la hache pour alimenter le feu. 366-amis367-hacheLe soir est frisquet mais l’asado est bien réussi. Je joue les prolongations en préparant une cocotte de soupe à congeler en vue des passages de frontières et des soirées fraiches à venir.

Mercredi 23 novembre

Cette fois, on se lève tôt (de toutes façons le soleil se lève quand-même avant nous !) pour aller voir Cabo dos Bahias et ses pinguinos. Aloïs s’asseoit devant avec moi tandis que Marius continue de dormir. La piste de 30 km n’est pas trop mauvaise et la vue est magnifique : on longe la côte découpées en criques, le tout sous le soleil. De l’autre côté, c’est bien sec et accidenté. Aloïs repère un tatou qui traverse la route et s’enfuit dans les buissons.

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Au détour des dunes, on aperçoit la maison d’un chanteur français qu’on ne dénoncera pas, et qui a pour voisins des guanacos, des moutons et des manchots de magellan. On se gare près du chemin qui mène aux manchots pour prendre le petit déjeuner, pis on emprunte les passerelles métalliques qui serpentent dans le terrain de centaines de manchots en train de nicher. On est tous seuls et parfois tout près des animaux. Les manchots sont dans leurs nids et d’autres montent la garde et se mettent à braire (oui, comme des ânes) dès qu’un prédateur se montre. En fait de prédateur, on repère un gros oiseau noir (une pétrelle ?) qui agite quelque chose qu’il tient dans son bec et le frappe par terre. Avec les jumelles, on s’aperçoit que c’est un « pichon », un bébé manchot… C’est d’ailleurs le seul qu’on verra.

chez les manchots

chez les manchots

le tatou à l´affut pour chiper un oeuf...

le tatou à l´affut pour chiper un oeuf…

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Puis on arrive au-dessus d’une plage ou les manchots viennent en file pour se baigner et repartent, toujours en file.

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en grande discussion

en grande discussion

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le prédateur

le prédateur

Puis on repart en prenant une autre piste, un peu plus pénible pour aller au bout du cap. On surplombe le paysage, c’est vraiment très joli, et très venteux. Pendant le repas, on voit des dauphins gris avec les jumelles, puis on refait les 30 km de piste en sens inverse.

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On continue de rouler, on traverse Comodoro Rivadavia, grosse ville pétrolière peu engageante et on va se garer le long de la plage de Rada Tilly, ville plus petite mais élégante et très aisée, vu les 4×4, les maisons modernes et les filles sveltes qui courent en shorts fluo. On voit que le pétrole rapporte bien. Ça change radicalement des autres coins qu’on a traversés dernièrement, avec des maisons basses et pas toujours terminées, et les habitants petits et en net surpoids. Il fait nuageux et 31 degrés dans le CC ce soir…

Jeudi 24 novembre

Le matin, deux messieurs en vélo nous demandent si on a une pompe pour leur roue, et sont épatés par le CC et le compresseur 12V ! Ils restent un moment à discuter sans manquer de nous préciser, comme tous les argentins rencontrés jusqu’ici, que la politique en Argentine est catastrophique… Puis on part pour : charger du gaz pas loin, faire des courses au supermarché, acheter des fruits et des légumes au magasin dédié (même si la vendeuse me parle, avec les yeux brillants d’envie, des agneaux dodus de la région qui sont prêts à passer à la casserole à cette époque, tout en emballant mes patates douces), faire le plein. En fin de matinée, les corvées sont bouclées et on quitte la ville pour aller vers Caleta Olivia et sa colonie de lions de mer. On traverse des champs de pétroles et des décharges… Pittoresque, comme décors… On arrive dans la Province de Santa Cruz et la RN3 devient d’un seul coup toute cabossée. On s’arrête sur un terre-plein après Caleta Olivia, mais il n’y a que 3 lions de mers qui nagent en contre-bas, et on est juste après une décharge : bon, on mange là et on repart.

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oh, un virage!

oh, un virage!

On roule longtemps et on va vers le Parc National des Forêts Pétrifiées. On évite le piège du GPS qui veut nous faire bifurquer sur une piste (RP93) toute pourrie où des voyageurs sont récemment restés ensablés pendant 24h, et on tourne un peu plus loin, sur la piste principale. Commencent 50 km de ripio dont 30 prévus aujourd’hui. On roule à 25 km, avec des pointes à 30 km/h. On a bien le temps de voir les guanacos, les choiques et les renards gris! Il est déjà tard et la lumière est très belle, le paysage est de plus en plus désertique et rocheux.

piste

piste

Dans un nuage de poussière, on voit arriver, en sens inverse, le Sprinter d’Alain et Françoise, qui roulent à 60 km/h avec leur 4×4 ! Après une petite discussion, on repart et on finit par trouver un coin plat et dur pour bivouaquer avant l’entrée dans le parc (où les bivouacs sont interdits). On est seuls au monde, il fait encore 30°c, il n’y a pas trop de vent et on profite du coucher de soleil qui colorie en rose les formations rocheuses au loin. C’est beau !

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bivouac

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Vendredi 25 novembre

Les rayons du soleil sur notre bivouac désertique nous réveillent tôt. Après les 20 derniers km de ripio, on arrive au centre des visiteurs du Monumento Nacional de Bosques Petrificados.391-volcans Le guarda nous explique qu’on a uniquement le droit de toucher les quelques morceaux de spécimens de bois pétrifiés du centro : ce qu’on va voir ensuite, on pourra tout juste les prendre en photo ! Puis il nous explique le phénomène de pétrification : il y a 150 millions d’années, la région était humide et tempérée, et des dinosaures gambadaient en mangeant des araucarias géants. Arrivèrent la séparation des continents et les cataclysmes. Les araucarias sont tombés et une pluie de cendres épaisses et tièdes ont rapidement tout recouvert. Les troncs n’ont pas eu le temps de pourrir par manque d’oxygène sous la cendre. Au fil du temps, le bois a absorbé les minéraux et s’est pétrifié. Puis la mer a recouvert le tout (des dents de requins et des coquillages ont été retrouvés dans les collines), et lorsqu’elle s’est retirée, les vents ont terminé l’érosion et les troncs pétrifiés sont apparus. Ce paysage très particulier est apparu, comme en Arizona. Les Indiens Tehuelches ont exploité les différentes roches pendant des millénaires pour leurs outils. On commence donc à parcourir le chemin balisé. Tous les 20m, un panneau rappelle qu’il est strictement interdit de ramasser quoi que ce soit. Les gardes sont très sricts là-dessus car l’endroit a été pillé avant sa protection dans les années 1950. On voit des énormes troncs en pierre couchés sur le sol, et plein de morceaux plus petits. On dirait vraiment du bois, mais c’est de la pierre ! On voit les nervures, les anneaux, etc…

392-anneaux 393-herve-bosqueOn trouve une pointe de flèche taillée dans de la roche noire, elle nous fait vraiment envie… Mais on la pose sagement à l’écart du chemin. Elle aurait été sympa dans notre boite à trésors !

la jolie pointe de flèche

la jolie pointe de flèche

sacré morceau!

sacré morceau!

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l´écorce est aussi pétrifiée

l´écorce est aussi pétrifiée

En toile de fond, on a les deux volcans « Madre e Hija » bien éteints. De retour au centro, le guarda inspecte note sac à dos, et les garçons retournent consciencieusement leurs poches. Puis on refait les 50 km de ripio en sens inverse et en 1h54… Le CC et les nerfs de Hervé sont bien échauffés ! On se permet quand-même un arrêt sandwiches et un arrêt « regarde le beau tatou ! », non comptabilisés dans le temps de parcours.

398-tatou Au bout, on a récolté quelques kilos de poussières mais on est bien soulagés. Et puis Hervé a l’allergie et on a tous un rhume… Mais c’était vraiment particulier, cette visite. Bref, Hervé finit héroïquement le trajet jusqu’à Puerto San Julian. On se gare devant l’hosteria Miramar où on sait qu’on va avoir du wifi. Demain, c’est décidé, on ne bouge pas !

Samedi 26 novembre. Le réveil gris, froid et pluvieux est idéal pour faire des crêpes au petit déjeuner ! Puis on tente de se débarrasser d’un peu de poussière accumulée hier (celui qui me dit que sa maison est poussiéreuse me fait bien rigoler : nous on en a jusque dans les vêtements serrés dans les placards, jusque sur les lunettes enfermées dans leur étui rangé dans un sac…), les garçons dessinent… Je sélectionne des photos pour le blog, on appelle la famille, bref, un peu de vie sédentaire… Jusqu’à ce qu’Hervé veuille aller manger au resto. Nous voilà dehors en plein vent, dans une petite ville qui a l’air bien tranquille et sympa, mais bien endormie ! On entre dans le seul hôtel-resto qu’on trouve ouvert, et on a bien fait car il est familial et chaleureux. Après les énormes lasagnes, Hervé et les garçons vont voir la Victoria, la réplique du navire de Magellan qui a accosté ici le 31 mars 1520. C’est ici que le mot « Patagonie » est né, du nom du premier indien Tehuelche baptisé « Patagon » en raison de ses grands pieds (les Tehuleches mesuraient 1m80 alors que les petits espagnols atteignaient péniblement 1m 55). Les garçons vont aussi voir l’avion de chasse planté au bout de la rue (le CC est garé entre le bateau et l’avion) car Puerto San Julian a été une base importante pour les troupes argentines pendant la guerre des Malouines en 1982. Et ici, Malouines rime avec Argentine, comme nous le rappellent force panneaux et monuments dans le moindre petit beld. S’ensuivent une publication sur le blog, quelques épisodes de dessins animés de Yakaris et une soirée calme et bien fraiche avec des jolies couleurs sur la baie.

Puerto San Julian

Puerto San Julian

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une épave sur la plage

une épave sur la plage

l´histoire du soir

l´histoire du soir

Ce dimanche 27 novembre, Marius nous réveille en nous rappelant qu’on doit aller visiter le Victoria à 10h. On est de plus en plus décalés car le soleil se couche maintenant vers 21h15… Ah 10h, on est devant le bateau, le ciel est au grand bleu, mais la dame qui arrive déjà en retard n’a pas les clefs qu’il faut, alors elle retourne sans un mot dans sa voiture… Les garçons vont jouer aux jeux et ce n’est que vers 10h45 que la dame revient pour la visite.

Victoria

Victoria

Le bateau nous semble vraiment sommaire et tout petit, surtout pour transporter 40 personnes et quelques animaux (cochons, vaches, poules) ! De fait, sur les 265 personnes réparties sur 5 navires en route pour le tour du monde, seules 18 sont revenues (et encore, des indiens ont été embarqués mais aucun n’a survécu). Puerto San Julian a d’ailleurs été une étape tragique : le 1er avril a été célébrée la première messe d’Argentine (qui n’était pas encore l’Argentine, mais bon). La messe a du être bien inspirante car le soir-même, une quarantaine de marins ont entamé une mutinerie qui s’est soldée par la décapitation du capitaine mutin…

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"C´est comme un GPS" a dit la dame

« C´est comme un GPS » a dit la dame

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Après la visite, on décide d’aller au camping de la ville. Il y a des arbres, des jeux et l’environnement est sympathique et tranquille. Mais c’est dimanche et donc rempli de familles venues faire des asados. Les garçons en profitent pour aller jouer avec des enfants locaux.

Lundi 28 novembre : jour de grand ménage ! Je m’occupe de l’intérieur et Hervé de l’extérieur. Cuisine, placard à vêtements, banquettes… Avec Aloïs, on fait même de la lessive parce qu’il y a de l’eau chaude aux grands éviers des sanitaires. On s’arrête quand-même pour faire un asado de poisson !

Mardi 29 novembre. Hier, c’était férié alors aujourd’hui on va à la poste pour envoyer quelques cartes (à 4 euros le timbre, on espère qu’elles vont arriver à bon port…). Puis on se promène un peu dans la ville et on achète de la viande et des cerises . C’est parti pour un nouvel asado. Avec des patates douces à la braise, c’est plutôt réussi. L’après-midi, on continue le grand ménage. Hervé sort son rouleau de scotch et traque les ouvertures susceptibles de laisser entrer de la poussière, les garçons lavent leurs jouets dans la grande bassine, avec de l’eau chaude : le grand luxe. Le soir à la tombée de la nuit, on va se promener sur la plage pour trouver des fossiles de coquillages mais on trouve surtout de la salicorne !

Mercredi 30 novembre. Ce matin, le vent souffle fort, ce qui ne décourage pas le centre de loisirs de venir en nombre faire des tas d’asados avec des tas de jeunes enfants en vélo et trottinettes. A 11h, tout le monde mange, à 12h il n’y a subitement plus personne. Nous, on prend notre temps pour tout remballer et lever le camp. On arrive vers Santa Cruz, capitale de la Province et base militaire importante. L’embouchure du rio Santa Cruz est verdoyante et le fleuve a une curieuse couleur vert laiteuse en raisons des sédiments qu’il charrie. On va jusqu’à Punta Quillón et son parking chargé de gros tuyaux bizarres. Comme c’est marée basse, on va faire une promenade par la plage pour aller voir des manchots. Facile, 3 km sur des galets en longeant la falaise. Marius râle, d’autant qu’il dit, en arrivant : « pff, c’est les mêmes manchots qu’on a déjà vus ! ». 408-marius-qillon409-plageLes manchots sont un peu terrorisés de nous voir et certains détalent ventre à terre. On fait pourtant attention de ne pas nous approcher des nids, mais ils ont visiblement pas trop l’habitude d’être visités.

petite réunion

petite réunion

allez viens, on rentre!

allez viens, on rentre!

Au moment de faire demi-tour, Hervé l’idée de couper par la plage mouillée, vu que la marée est très basse. Sauf que c’est une plage de vase, ce qu’on n’a pas vu avant de se retrouver les pieds dedans. Je précise que les garçons portent leurs chaussures de randonnées que j’ai dessalées, lavées et ré-imperméabilisées hier… Plitch ploutch, les belles chaussures rutilantes dans la gadoue… Et elle est longue, cette plage ! Arrivés sur les galets, on ramasse des cailloux de toutes les couleurs.

412-caillouxPuis, comme le garde ne veut pas qu’on passe la nuit là, on va se garer au camping de Santa Cruz qui a des places un peu abritées du vent entre des arbres.

« The answer my friend, is blowin’ in the wind… »

Jeudi 1er décembre. La journée commence plutôt bien, les garçons s’habillent et se préparent relativement vite, on fait une bonne heure d’école et on fabrique une grande page de calendrier du mois de décembre pour compter les jours avant l’arrivée de Mamouna et Tata Baleine et aussi les jours avant Noël. Le vent souffle très fort et le concours d’asados qui doit avoir lieu ce midi semble un peu compromis. On démarre en fin de matinée, mais le CC cale dans l’allée du camping, puis 2 ou 3 fois… on arrive péniblement à la station-service à côté, et puis là, impossible de démarrer, ça cale direct. On est garé contre un mur, mais ce n’est pas celui qui peut nous protéger du vent qui souffle maintenant à 75 km/h. Un monsieur nous dit que le poste de police tout près pourrait nous abriter, il se propose de nous accompagner parce qu’il est lui-même policier (ce que son t-shirt bleu avec la tête de John Lennon ne laisse pas présager), mais impossible de redémarrer. Hervé pense que la pompe de gavage est cassée (le mécano de Iveco nous avait dit, lorsque Hervé lui a signalé qu’elle faisait un bruit bizarre : « non non, c’est normal »). Mais impossible d’effectuer la moindre réparation avec le vent. Alors on se connecte au petit wifi, les garçons s’occupent hyper sagement, et on attend… Hervé part faire quelques courses avec Marius dans l’après-midi pendant que je fais du pain et une tarte avec Aloïs. Tiens, voilà un peu de pluie… Puis on joue à des jeux avec les garçons pendant un bon moment. Allez, il parait que demain, le vent va faiblir. Et puis on barrera le 2 sur le calendrier… Je pense que si on avait recroisé le policier et qu’il avait eu un t-shirt de Bob Dylan, je l’aurais étranglé, parce qu’on a eu beau écouter, dans ce fichu vent, on a pas trop eu de réponse !

Vendredi 2 décembre.

Ce matin, c’est étrangement calme. Hervé se lève tôt pour faire la réparation, et on voit le reste de la ville émerger. Heureusement, on a un petit filtre et une pompe de gavage en stock (on l’avait passée bien emballée dans le sac en soute à l’aéroport). En quelques dizaines de minutes et presque pas de gros mots, c’est réparé ! Reste à savoir si c’était bien ça… On démarre, on roule, ça semble pas mal ! On se dirige vers le Parque Monte León, qui se situe au milieu de rien. La piste qui traverse le parc est un peu pénible mais les paysage est particulier : toujours aussi désertique et traversé de petites gorges et collines en argile. On aperçoit une colline dont la forme fait penser à une tête de puma, d’où le nom du parc.

tete de puma

tete de puma

On se gare au camping, seul endroit autorisé pour passer la nuit, qui est le camping le plus sommaire et le plus cher du voyage… Il y a des panneaux annonçant qu’il y a des pumas et qu’il faut toujours garder nos enfants près de nous. On va se promener sur la plage à marée basse, mais celle-ci est trop réduite pour qu’on puisse aller à pied jusqu’à l’île aux oiseaux qui abrite des centaines de cormorans (l’île était auparavant exploitée pour le guano). La promenade est quand-même jolie, on se retrouve au pied de cavités qui se remplissent à marée haute. Le vent froid souffle mais reste modéré dans la soirée. On a beau scruter par les fenêtres tous feux éteints, pas de puma en vue…

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drole de champignon

drole de champignon

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on marche au fond de l´eau! sinon elle monte jusqu´au trait noir

on marche au fond de l´eau! sinon elle monte jusqu´au trait noir

Samedi 3 décembre. La matinée est nuageuse et un peu venteuse, mais pas froide. On va d’abord à l loberia du parc voir des lions de mer de loin, et on voit aussi l’endroit où on s’est promenés hier, complètement sous l’eau à cette heure-ci. Puis on va au départ de la promenade pour aller voir des manchots de magellan (encore !), à 2 km de là. Après les avertissements d’usage en cas de nez à nez avec un puma, on suit le sentier facile au milieu des buissons ras.

418-encore-manchots On débouche sur la colonie de manchots et là on voit plein de « pichones », des petits à peine sortis de l’œuf. Certains sont tous près, ils se serrent contre leur parent. Les mâles et les femelles se relaient pour couver puis pour nourrir les pichones. Aloïs n’arrête pas de répéter qu’il est très content d’être venu et d’avoir vu les petits.

les petiots

les petiots

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dans le canyon

dans le canyon

Puis on roule jusqu’à Rio Gallegos, grosse ville pétrolière, et on s’arrête dans une station-service bondée de camions pour passer la nuit.

Dimanche 4 décembre. On rencontre une nouvelle famille de voyageurs français sur le parking, et à force de discuter, on lève le camp bien tard ! On va jusqu’à la Laguna Azul. Le temps est superbe. C’est un petit lac bleu ou plutôt vert dans un cratère de volcan. C’est dimanche alors il y a pas mal de monde mais ça reste calme. On entreprend de descendre dans le cratère mais il n’y a pas vraiment de chemin alors c’est un peu acrobatique. Les garçons jettent des pierres volcaniques noires dans l’eau et trouve des « mini-crevettes » au bord du lac. Un groupe d’ibis a élu domicile dans le coin, il font un bruit curieux, un peu comme des canards, mais très bref.

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Dans la soirée, les gens repartent, sauf une famille allemande en camping car, qu’on avait déjà croisée à la Playa Pardelas. Lukas, le grand garçon, apprend à Aloïs à faire du diabolo tandis que Marius raconte des tas de choses à Charlotte et Amélie, des jumelles de 11 ans, qui commencent à apprendre le français. Les parents font comme nous : on s’affaire à cuire ce qui nous reste de produits frais en vue du passage de frontière au Chili demain. Les douanes chiliennes sont réputées extrêmement tatillonnes et interdisent d’entrer au Chili à bon nombre de produits : fruits et légumes crus, viande, produits laitiers, objets artisanaux en bois ou graines ou plumes, miel, etc… Du coup, on fait griller nos dernières langostinas congelées depuis Camarones. Les garçons préfèrent la soupe ! C’est notre dernière nuit en Patagonie avant un petit moment…

7 reflexions sur “Du 15 novembre au 5 décembre : de Playa Canteras à la Laguna Azul (1872 km – 9135 km parcourus)

  1. VOIRIN

    Bonjour, Marius et Aloïs. Vous allez bien j’espère?! Vous me manquez. Incroyable les squelettes de dinosaures!! J’aimerai bien être avec vous en vacances. Quand on sera grand, nous pourrons passer des vacances ensemble! Comme ça on pourra lire des histoires ensemble! Bye Bye!! Soléa.

  2. Señorita BUZENOT ¡¡¡CHE!!! ¡¡¡CHE!!!

    Mélissa dirait en chantant « Libérée, délivrée… », je rajouterai (en chantant également) « Zordi lo 20 dessamb réyoné, nout tout va danser… ». Je vous salue le coeur rempli de joie en vous souhaitant une excellente continuation… L’ambiance est là, ¡¡¡VAMOS!!! Pleins de piouk piouk tout doux de nous…Sabri

  3. Boris

    C’est magnifique vos paysages, votre rêve éveillé se poursuit idéalement on dirait et ça c’est vraiment super. On pense bien à vous, surtout en ces périodes de fêtes. Une question cependant, que peut-on lire comme histoire à des enfants le soir lorsque chaque nouvelle journée est elle-même une nouvelle aventure? Bises à tous.

  4. mariana

    Hola!!! oui c’est vraiment passionnant… je viens de tout lire et ça donne envie de vous rejoindre! Gros bisous depuis l’hiver français! En effet, vous serez ou entre le 13 et le 21 février? je fais un saut à Bs As!

  5. Mémé

    Que d’aventures !les commentaires et photos sont passionnants et nous voyageons avec vous.je crois Pauline que je ne ralerais plus lorsque les petits rentreront la terre dans la maison!!! 🙂 bisous les chouchou

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