Les virevoltants

Du 11 mai au 25 mai : de Kasani à La Paz, en passant par Rurrenabaque (146 km en CC ! – 23640 km parcourus)

(Rurrenabaque se trouve à 250 km au nord/nord-est de La Paz)

Jeudi 11 mai. Départ très tôt en direction de Kasani, la ville-frontière avec la Bolivie. Dernier plein de gasoil, on remplit aussi les jerricans car en Bolivie, ça sera une autre histoire. Sortie rapide du Pérou. L’entrée en Bolivie se fait 300m plus loin. Au service de migration, l’agent ne nous donne que 30 jours, alors qu’il peut en donner 90, mais par principe il ne le fait pas et nous dit qu’on peut faire prolonger l’autorisation dans n’importe quel bureau de migration du pays (et donc, pourquoi il ne le fait pas directement ???) Bon, au moins les passeports sont en règle. Ensuite, Les douaniers et policiers, réputés corrompus, ont trouvé une nouvelle combine très au point pour faire payer les gens : le douanier nous envoie dans une bicoque à côté, qui a une connexion internet pour qu’on fasse son boulot, et qu’on paye pour ça. Soit-disant, les douaniers n’ont pas de connexion, mais ils ont du matériel informatique tout neuf. Donc, on se connecte au site de la douane, on rentre nous-même toutes les infos et on paye 10 bolivianos pour imprimer le papier. A la fin, lorsque le douanier nous remet notre document d’importation temporaire, il nous dit d’aller le faire tamponner au bureau de la police. Le policier nous dit qu’il a besoin d’une photocopie et nous envie à la même bicoque du début (sa voisine) qui nous taxe de nouveau de 10 Bols pour une copie ! (10 Bol : 1,30 €). Bref, le douanier, qui ne voulait surtout pas sortir de son bureau, a à peine jeté un coup d’œil depuis le pas de sa porte vers le CC garé plus loin. Bienvenidos a Bolivia, donc. On est un peu dans l’expectative car beaucoup de voyageurs ont eu des expériences difficiles face à des Boliviens très fermés, des policiers très corrompus, et un système d’approvisionnement en combustible retors. On roule jusqu’à Copacabana au bord du Titicaca, sa plage et ses pédalos-canards kitsch et grinçants. On se gare près d’un hostel sympa un peu à l’écart de la ville, qui nous donne son code wifi et nous dit qu’on peut rester là sans problème. La vue est bien jolie et calme !

jolie vue et quelques barques (ou canards?)

canards-pédalos kitschs

On va dans la ville voir la jolie église devant laquelle sont bénis les véhicules le matin, à grand renfort de fleurs et de bière sur le capot.

On va ensuite se renseigner sur les bateaux qui font la navette à l’Isla del Sol. Seul le sud de l’île est accessible en ce moment car des villages du nord sont en conflits et tout la zone est fermée. Dommage, c’est au nord qu’on trouve les sites les plus intéressants, avec le rocher du puma (lieu de naissance de la civilisation inca et origine du nom du lac : « Titikaka » signifie « rocher du puma »). Il y a même d’étranges empreintes dans le sol qui sont attribuées à Inti, le dieu Soleil. On se contentera d’aller au sud.

Manco Capac et sa soeur-épouse Mama Ocllo, nés sur l’Île du Soleil

Hervé et les garçons font une sortie laborieuse en canard rouillé, puis on regarde le coucher de soleil depuis la terrasse sur le toit d’un bar, avant de rentrer au CC pour une nuit calme et bien fraîche.

Vendredi 12 mai. Réveil très matinal (on a pourtant une heure de plus qu’au Pérou) car le bateau part à 8h30 ! Des gens jouent de la musique, ça fait passer le temps de la traversée qui dure 2h30.

Arrivés sur l’île, on paie le droit d’accès et on grimpe l’Escalier de l’Inca qui monte au milieu de jardins en terrasse fleuris et le long d’un cours d’eau qui se termine en triple fontaine. Aloïs grimpe vite et une dame lui dit « despacio, te vas a punar ! ». La puna, ce sont les hautes terres de l’Altiplano, comprises entre 3000m et 4000m. C’est aussi un des noms du mal d’altitude. Et donc, « punarse » = avoir le mal d’altitude. Il faut dire que c’est très raide, on monte de 300m en quelques dizaines de marches.

Bien essoufflés en haut (à 4000m, donc), on profite de la vue superbe, puis on se promène sur la crête.

Isla del Sol

la Cordillera Real au loin

Marius en a marre et s’arrête pas loin d’un énorme cochon noir qui dort au soleil. Hervé reste avec eux tandis qu’Aloïs et moi, on continue jusqu’à un mirador. On cueille de la muña, une plante mentholée aux toutes petites feuilles, efficace contre la puna, qui pousse à cette altitude. Les seuls vrais arbres qui poussent si haut, sur l’île, sont des eucaliptus (pourtant importés d’Australie sur ce continent). Sinon, on ne trouve que de l’herbe rase et des buissons. Puis on revient au petit village de Yumani, on prend un chemin entre les arbres pour arriver à un petit resto d’où la vue sur le lac est imprenable. Après une bonne pause au soleil et d’excellentes truchas, on redescend doucement jusqu’à l’embarcadère pour reprendre le bateau à 15h. On arrive à Copacabana un peu avant le coucher du soleil. Une belle journée de finie, on est tous fatigués !

Samedi 13 mai. Aujourd’hui, l’objectif, c’est La Paz ! Siège administratif, gouvernemental et judiciaire du pays, c’est aussi la plus grande et plus haute ville de Bolivie, située entre 3200 et 4000m d’altitude. On prend la belle route qui nous mène au détroit de Tiquina, où des barges en bois relient San Pablo et San Pedro de Tiquina. Camions, bus, voitures et… CC montent sur les barges et travers en quelques minutes. On attend notre tour et on se hisse sur les planches, bien droit pour ne pas tomber dans le trou au milieu.

en attendant le bac

bien calés!

Des mouettes nous suivent en piaillant. C’est curieux de se dire qu’on navigue à 3800m d’altitude et que le bateau de Papou est, lui, à 0 m !

Puis on suit la route en assez bon état, sauf certains tronçons plein de trous, surtout les abords des villages défoncés. Les boliviens conduisent beaucoup plus calmement qu’au Pérou, c’est déjà. On arrive à El Alto, quartier populaire très peuplé de la Paz, qu’on traverse rapidement car on doit aller à Mallasa, tout en bas.

ne perds pas le fil!

Le GPS veut nous faire traverser le centre-ville mais cette fois, on a bien préparé notre arrivée et on contourne la ville par Achacolla, et ça se passe très bien. On traverse une petite vallée aux curieuses formations rocheuses nommée « Vallée de la Lune » (encore une !) par Neil Armstrong lui-même (enfin, c’est ce que disent les gens du coin), puis on arrive enfin au camping-hôtel suisse Oberland, mélange de confort et de kitsch. Il y a des jeux, une piscine couverte et un restaurant de spécialités suisses ! On est bien contents d’arriver, surtout qu’on est redescendus à 3200m. Le soir, on ne peut échapper à la fondue savoyarde au resto !

Dimanche 14 mai. Journée repos, ménage, internet lorsque le wifi ne rame pas trop… les garçons passent leur temps aux jeux, un peu à la piscine (froide !) pendant que j’imprègne des tenues de lotion anti-insectes en prévision de notre expédition prochaine dans la forêt amazonienne.

Lundi 15 mai. On dépose le linge à la lavanderia (Marius a vomi cette nuit dans son lit tout propre de la veille), puis on s’entasse dans un colectivo pour 45 min de trajet jusqu’au cœur administratif de la ville. On va chez Ilimani Seguros pour prendre une assurance qui couvre le CC pour la Bolivie et ses pays limitrophes, puis on marche jusqu’à la Plaza Murillo bordée par le palais présidentiel.

ce ne sont ni des motos de la gay-pride, ni du carnaval, mais celles de la police militaire!

On descend ensuite vers l’église San Francisco, énorme bâtiment dont le parvis attire une foule de gens plus ou moins désœuvrés. On arrive au Mercado de Brujos (plus touristiques que typique) et on va manger un peu plus loin. On revient ensuite au marché, et Hervé s’achète non-pas un fœtus de lama séché ni de la poudre de serpent qui guérit tout, mais un joli charango (et qui sonne bien !) dans une échoppe de musique. Puis on remonte en direction de la jolie rue ancienne (calle Jaen) et son musée des instruments de musique, très intéressant et recelant, à part une grande collection de charangos, des instruments insolites.

calle Jaen

guitare à 5 branches…

… et autre bizarreries

travaux pratiques à l’harmonium

Nous retournons ensuite vers l’artère principale polluée et bondée de gens qui attendent des colectivos. Il y aussi beaucoup de cireurs de chaussures dont le visage est caché par une cagoule ou un foulard car ce métier est considéré comme un des plus bas dans l’échelle sociale, et les cireurs se cachent pour éviter la honte d’exercer ce métier pour gagner leur vie. On grimpe dans un antique et authentique Toyota Hiace. Ici, c’est le roi des colectivos (les mini bus urbains), comme le Toyota 4×4 Hilux est le roi des 4×4 au Chili, et les Toyota Corolla bringuebalantes avec moumoute touffue et poussiéreuses sur le tableau de bord règnent en maîtres parmi les taxis au Pérou. A un moment, on est 18 à être assis dans le véhicule, chauffeur compris, et le pauvre mini-bus est déclaré complet, ouf ! On arrive bien fatigués, la pollution rend l’altitude encore plus difficile à supporter. Alors que la nuit est tombée, on voit arriver la famille de Fred et Cathy et leurs 4 enfants dans un gros camping-car américain. Le programme de demain initialement prévu (téléphérique et autre quartier de la ville) risque d’être compromis…

Mardi 16 mai. En effet, les enfants ne veulent pas bouger d’ici, trop contents d’avoir des nouveaux copains, surtout que ces derniers ont entre 4 et 8 ans, et qu’entre les jeux et la piscine, ils ont de quoi s’occuper ! Cette belle famille se compose d’un papa français, d’une maman américaine et de 4 enfants marocains adoptés. Autant dire que les passages de frontières et autres paperasseries avec eux sont sportifs ! De notre côté, on prépare nos sacs pour l’Amazonie et on apprend en début de soirée qu’une grève des transports est prévue demain, avec des bloqueos (des barrages, une spécialité bolivienne) dans toute la ville. On va donc devoir prendre un taxi à 6h, avant que la grève commence. Les 6 enfants regardent un dessin animé dans notre CC (je ne sais pas trop ce qu’ils en ont compris car ils parlent tous en même temps), puis on va boire un coup dans le spacieux CC américain avant d’aller au lit.

Un voyage dans le voyage : l’Amazonie !

Mercredi 17 mai. Lever dur dur à 5h, on sort dans le froid, il fait 2°C ! Le taxi vient nous chercher à 6h. A 6h40, on est à l’aéroport, pour un départ prévu à 12h30 pour Rurrenabaque (dit « Rurre »), à 250 km à vol d’oiseau et 40 min à vol d’avion. La route pour y aller est beaucoup plus longue, dangereuse et compliquée, mieux vaut opter pour l’avion. On passe le temps comme on peut : petit déjeuner, observation des avions… Au moment d’embarquer, à 12h, on nous annonce qu’il y aura du retard car il pleut à Rurre. On doit prendre un tout petit avion à hélice de 18 places et il ne peut pas atterrir sur une piste mouillée. Super pratique et logique, en Amazonie… donc, on attend, sans plus d’info. On repère vite no co-voyageurs… A 14h, toujours pas d’info, on va aux nouvelles : « toujours le mauvais temps, on donnera des infos à 15h ». A 16h, un type vient nous voir et nous dit que tous les vols sont annulés et reprendront demain à 7h30 si le temps le permet. Entre temps, on contacte l’agence à Rurre qui décale les excursions, on récupère nos bagages et on trouve un taxi pour rentrer au CC, vu qu’en principe la route pour aller à Mallasa est libre. En principe ! à 3km de l’arrivée, alors que les garçons dorment sur le siège, dans un virage, un grand groupe de types excités et éméchés, armés de bâtons, laissent passer les particuliers mais bloquent et s’énervent sur les taxis et colectivos. Avec le chauffeur, qui s’est arrêté à bonne distance, on ne prend pas de risque et on retourne à l’aéroport. Vu le quartier assez mal fréquenté de El Alto, autour de l’aéroport, on va dormir à l’aéroport car on devra être là à 6h. Ni la compagnie Amaszonas (qui dit que c’est pas sa faute s’il pleut et s’il y a des bloqueos – oui mais ils ont des gros avions, ils pourraient les affréter quand il pleut, hein…), ni l’aéroport ne veut nous aider (ces derniers nous envoient vers une entreprise qui loue des cabines avec couchettes dans l’aéroport pour 30€ de l’heure par personne!) mais on trouve un espace dans un local vide dans lequel on cale des sièges sans accoudoirs pour passer la nuit.

nouveau type de bivouac

On n’est pas si mal, mais c’est sans compter la musique hyper forte qui tourne en boucle toute la nuit, avec une sélection de tubes des années 1980 particulièrement insupportable !

Jeudi 18 mai. A 5h30, on va de nouveau s’enregistrer et on retrouve nos compagnons de la veille. A 7h : « le vol est retardé pour cause de mauvais temps ». Les garçons sont prêts de craquer, et nous aussi. On communique avec l’agence à Rurre, ils nous disent que le temps s’améliore. A 9h30, la compagnie appelle les gens de l’avion de 9h45, mais pas nous ! Je vais les voir, avec tous les gens de notre vol (dont quatre grands suédois), pour leur dire que là, on doit partir. Ils nous expliquent que ce vol part avec un « gros » avion de 50 places qui peut atterrir sur une piste mouillée et même s’il y a des nuages et qu’ils vont voir ce qu’ils peuvent faire pour nous. Finalement, on entre tous dans l’avion et on décolle enfin ! Par le hublot, c’est magnifique : on passe juste au-dessus de la Cordillera Real enneigée, puis, après une petite mer de nuages, on voit apparaitre la forêt tropicale, dense et vert foncé, et un long serpent couleur brique : c’est le río Bení, affluent de l’Amazone.

sommets enneigés…

… puis la selva!

Moins d’une heure après avoir quitté La Paz, ses 4000m d’altitude, ses 5°C dans un air très très sec, on descend sur le tarmac de Rurre où nous cueillent moiteur et chaleur d’un seul coup ! Bienvenue à l’aéroport de Rurre, enfin, la cabane en moustiquaire verte, à 200m d’altitude, ses 30°C et 88% d’humidité. L’agence Mashaquipe nous prend en charge dès l’arrivée, appelle un hôtel pour cette nuit (on a bien fait de ne rien réserver avant), fixe les détails de « l’expédition », puis nous amène à l’hôtel Oriental (cette région s’appelle Oriente en Bolivie). On se pose puis on va manger dans la petite ville composée de quelques rues au bord du fleuve. Tout est tranquille, il y a juste quelques motos.

Rurrenabaque la tranquille

Les tongs et le short sont de rigueur, enfin, pas pour nous : les garçons ont déjà commencé à nourrir les moustiques ! D’ailleurs ici, un vitrier ferait directement faillite : les fenêtres n’ont pas de vitres, il y a des moustiquaires vertes sur toutes les ouvertures. Après une sieste bienvenue, Hervé et les garçons vont aux jeux près du fleuve pendant que je vais acheter des ponchos de pluie pour les enfants, puis on va manger du très très bon surubi (du poisson-chat) à la Perla de Rurre. Les gens ici rient, ils sont souriants et détendus, on est loin de la rudesse andine. Et tout est moite, ce qui n’est pas mal venu pour réparer nos lèvres toutes gercées par l’air trop sec de la Paz…

le soleil se couche aussi par ici

Vendredi 19 mai. Ce matin, début de la première partie de l’aventure : 3 jours dans la SELVA (la forêt tropicale). A 9h, on fait la connaissance de David, notre guide. On part en bateau avec un autre groupe et leur guide : c’est une pirogue à moteur et avec des sièges et même un toit en bâche.

On navigue une petite heure en remontant le fleuve, puis on s’arrête dans une petite communauté indigène (les Tacana, une communauté importante ici, notre guide comme l’agence est d’ailleurs Tacana). Ils nous montrent différentes cultures : ananas, coco, manioc, papaye, canne à sucre…

manioc

Cacao

bananes

Termitière

géoglyphes d’indiens très très anciens

Puis on doit extraire du jus de canne à sucre avec un trapiche, un moulin en bois traditionnel. Normalement, un âne ou un cheval actionne le gros manche en bois, mais là, ce sont les garçons qui poussent le tronc, pendant que Marius et une autre fille glissent les canes entre les rouleaux.

le trapiche

allez on pousse!

On boit ensuite le jus, pur puis mélangé à du jus de citron pour atténuer le très fort goût de sucre. Inutile de préciser que les garçons en reprennent tant qu’il y en a. On repart sur le bateau. Au détour d’une montagne derrière l’étrange Canyon del Bala (une sorte de faille dans la montagne, comme si une énorme balle l’avait traversée), on entre dans le Parc National Madidi.

au fil du rio Beni

un copain sur la rive

Trois heures après notre départ, on arrive au camp, un ensemble de grandes cabanes en bois, palmes tressées et… moustiquaires. On prend le repas du midi dans le comedor central au sol en terre battue (ça tombe bien vu que David commence toujours par verser un peu de son verre sur le sol avant de boire, pour honorer la terre), puis on s’installe, on se repose un peu et on se prépare pour 2h30 de promenade-découverte dans la forêt.

des ananas poussent autour du camp

Marius et la pulpe des graines de cacao

On a une belle tenue : chaussettes remontées par-dessus le pantalon, chemise manches-longues et chapeau, le tout bien imprégné de produit anti-insecte. Et ce qui dépasse comme peau est badigeonné de répulsif, à part le visage. Avec la chaleur et l’humidité, on est trempés en 10 min ! Le répulsif n’est pas superflu, il y a des escadrons de moustiques partout, qui foncent droit sur nous, je n’en n’ai jamais vu autant ! David ne se formalise pas il a grandi entre la forêt et Rurre, et il est immunisé contre les piqûres de moustiques (le rêve !). Passionné, il nous montre toutes sortes de plantes (celles pour repousser les moustiques – et le reste ça sent très fort l’ail !- celle pour soulager les piqûres, celle pour soigner les reins, le diabète, les champignons au pieds, etc…), de bestioles, dont la « hormiga fuego », la fourmi-feu qui vit avec toute sa colonie dans les arbres blancs « palo-santo ». l’abre leur offre un abri, et elles le protègent en retour : si quelqu’un donne un coup de machette sur l’arbre, des milliers de fourmis lui tombent dessus en déversant leur acide formique, dont la brûlure peut provoquer un arrêt respiratoire et cardiaque en quelques minutes. D’ailleurs, les communautés ont longtemps utilisé cette technique comme punition locale avec les délinquants récidivistes : le type attaché à l’arbre ne résistait en général pas très longtemps ! Il y a aussi l’énorme fourmi noire dont la morsure entraine une douleur continue pendant 6 à 8h. Et l’araignée au-dessus de la tête de Hervé qui n’est pas mortelle mais provoque des grosses fièvres. Ce qui est rassurant, c’est que chaque problème a un antidote dans la forêt… ou presque.

une liane qui monte… ou descend, on ne sait pas trop!

On rencontre l’arbre qui marche, ou « palmier-tarentule » : un palmier qui développe des « bras » plein de piquants capable de se déplacer que quelques centimètres par an !

« palmera-tarentula » ou arbre marcheur

On arrive au plus vieux ficus de la zone, magnifique arbre immense aux racines impressionnantes.

dame ficus

et son voisin monsieur ficus

David sait imiter des dizaines de cris d’oiseaux et autres animaux, ce qui plait beaucoup aux garçons. Il est très attentif avec les enfants, leur fait goûter toutes sortes de fruits (graines de cacao, tucuma, noix…) et s’adresse souvent directement à eux en parlant distinctement. Il a une machette alors les garçons ne jurent que par lui.

belle et bonne petite noix

un tronc-pont très glissant!

Lorsqu’on rentre, il fait presque nuit. Après le dîner (du surubi excellent cuit dans des feuilles de je ne sais plus quelle plante), on chausse des bottes en caoutchouc et on descend à la rivière pour voir briller les yeux des alligators et caïmans dans les faisceaux des lampes torches. Marius n’est pas vraiment pas rassuré, et il est carrément terrorisé lorsqu’Hervé puis Aloïs s’enlisent dans la boue ! Après avoir vu une paire d’yeux jaunes (alligator) et une paire d’yeux rouges (caïman) briller au-dessus de l’eau, on rentre nous coucher dans notre cabane, entourés par les bruits de la jungle… et l’orage qui tonne pendant la nuit…

Samedi 20 mai.  On se réveille dans nos draps humides mais assez saufs grâce aux moustiquaires « de princesse » au-dessus des lits.

des vrais lits de princesses de la jungle

On a choisi la version cool  l’étape proposée aujourd’hui : au lieu de marcher 4h30 dans la jungle, on va se laisser porter par une pirogue jusqu’à un point en amont, puis nous marcherons 30 min jusqu’au campement pour la nuit. On emporte donc le minimum dans un petit sac à dos, et David transporte en plus sur ses épaules un sac contenant des moustiquaires et des sacs de couchage.

Après le bateau, on grimpe direct dans la forêt, très dense à cet endroit. Nous sommes en bottes en caoutchouc car le terrain est très très boueux. David, lui, est en short et pieds nus ! On arrive au campement : des planches en bois à 80 cm de hauteur sous un toit en bâche (pas de murs) pour les lits, une cuisine dehors (un feu et une grille), une « salle à manger » en moustiquaire et un tout petit ruisseau en contre-bas.

coin cuisine du campement

Lorsqu’on arrive, un groupe de pecaris (des cochons sauvages) chers à David viennent fureter près de la cuisine puis repartent vers le ruisseau. Une fille d’un autre groupe se repose : son estomac n’est visiblement pas du tout content d’être là. On monte notre bivouac : un petit matelas surmonté d’une moustiquaire tendue sur des piquets au-dessus du plancher. Plus loin dans la forêt, il y a des « WC » avec également des murs en moustiquaires ! les champignons semblent bien aimer les sols en terre battue, il y en a partout… Un cuisinier dépêché ici quelques jours s’active près du feu. Nous montons à un mirador en bois juste à côté du campement. De là-haut, la vue est incroyable !

vue panoramique

verde que te quiero verde

Les garçons voudraient jouer et explorer un peu partout mais on doit toujours les garder à l’œil et leur rappeler de faire attention aux fourmis. Il fait encore plus humide (si c’est possible) qu’au camp général. Aloïs, qui a l’œil gonflé par une piqûre de moustique se laisse soigner par David qui lui met de la glace puis du poulet cru sur la paupière !

médecine locale

Le cuisinier nous a concocté un très bon repas qu’on partage avec un autre groupe. On tente de se reposer ensuite mais les garçons préfèrent faire la foire sous les moustiquaires. Marius finit par s’endormir tandis qu’Aloïs va rejoindre les guides dans leurs quartiers.

le dormitorio

Puis nous partons vers la montagne aux perroquets. Cette fois-ci, David a mis un jean et ses chaussures de marche, c’est du sérieux ! Sa machette est bien utile pour entretenir le sentier. C’est encore très boueux, et à un moment, le seul passage possible est étroit, entre l’arbre à fourmis-feu et un arbre plein de piquants toxiques ! Hervé doit aussi souvent se baisser pour éviter des branches.

Aloïs et sa « lance » fabriquée par David

Il fait très chaud, on est trempés en quelques minutes, les pantalons sont plein de boue et on est escortés en permanence par des dizaines de moustiques. Il pleut anormalement abondamment en ce moment, alors que la saison sèche est sensée être bien entamée. Au bout d’un moment, on débouche sur un projet du parc bientôt en service : un chemin en passerelles en bois qui mène à un mirador. Il ne faut surtout pas s’appuyer sur les garde-fous qui servent de chemin à des tas de fourmis plus ou moins sympas. On doit le rappeler sans cesse aux garçons ! Trois animaux-statues grandeur-nature sont cachées dans la végétation : un tapir, un jaguar et un singe hurleur muet. Tout en haut du mirador, on fait face à la parois rocheuse et ses cavités servant de nids aux perroquets rouge, jaunes et bleus et à d’autres espèces plus petites.

les nids des perroquets

David a cueilli des feuilles de « iri ??? », une plante verte foncée, qui, une fois écrasées et triturées, donnent un jus rouge grenat, presque violet. C’est la teinture traditionnelle des Tacana. Avec ce jus, le guide dessine sur la figure des garçons puis c’est à leur tour de le peinturlurer. Bon, les chemises aussi en ont pris un coup et il parait que sur le tissu, ça ne part pas…

peinture-teinture locale!

Puis on coupe à travers la forêt pour rentrer et David trouve une belle plume de perroquet, bleue et cuivrée, qu’il donne à Marius. On rentre après 2h30 de balade, bien crottés. Tout est humide, de toutes façons…

A 18h, dans le noir, on allume des bougies dans le comedor avec l’autre groupe, tout le monde est fourbu ! On se couche ensuite en prenant bien soin de ne laisser entrer aucune bestiole dans la moustiquaire. Au moins, avec la nuit, les abeilles du nid pas loin ont cessé de nous tourner autour. Mais Marius bouge tellement toute la nuit qu’il se retrouve avec deux moustiques dans la moustiquaire. Aller aux toilettes à la lueur de la lampe frontale (à ne pas mettre sur le front, sous peine de manger une nuée d’insectes) relève vraiment de l’aventure, on voit bouger des ombres à chaque pas ! C’est assez étrange de se retrouver dans un environnement où on n’a plus aucun repère connu, dans lequel, sans guide, on aurait peu de chances de survie, car on n’est incapable de distinguer les plantes et les animaux toxiques des inoffensifs, et tout ce mélange nous entoure en permanence.

Dimanche 21 mai. Cette nuit, des trombes d’eau et des éclairs ont bien animé le camp, mais heureusement, les garçons ont plutôt bien dormi. Le cuisinier nous prépare un solide petit-déjeuner pour nous revigorer. Les équipes sont vraiment très prévenantes. Les guides se retrouvent cuisiniers sur certains camps et sont polyvalents. Il y a une bonne ambiance entre eux et ça rit beaucoup. Ce matin, on est sensé construire un radeau et rentrer au camp avec, mais avec la pluie de cette nuit, l’eau est montée, il fait frais, il y a pas mal de courant et des troncs passent, chariés par l’eau. Et il se remet à pleuvoir. David nous conseille donc de rentrer en bateau. On descend vers la petite plage avec l’autre groupe, on assiste à la construction de leur radeau et à leur départ (il n’y a pas d’enfants dans leur groupe), puis on attend un autre groupe qui arrive de la montagne aux perroquets. Pendant ce temps, les garçons jouent au bord de l’eau en bottes et finissent en short après avoir rempli leurs bottes et trempés leurs jambes de pantalon (je rappelle que rien ne sèche ici).

ça commence par un jeu sage sur la plage…

tiens, ici aussi les bottes ont des « fuites par au-dessus »!

Le conducteur du bateau nous montre des morceaux de céramiques anciennes qu’il a trouvées la veille dans la terre du bord du fleuve.

poterie ancienne en tête de serpent

On embraque les sacs du dernier groupe et on rentre en bateau. Ça va très vite dans le sens du courant ! Le temps d’arriver, de manger, de prendre une douche (on est dans un état bien sauvage ! et au moins, en journée, on voit si une araignée se promène sur le mur…), de se reposer un peu, d’attendre que la pluie se calme, et on part à la pêche aux pirañas. On rechausse nos bottes, ponchos de pluie, on traverse le premier bras de rivière et on prend le bateau pour aller de l’autre côté du río.

Hervé le passeur…

La végétation est un peu différente. On traverse une ancienne petite exploitation abandonnée de canne à sucre car elle a été inondée. Il y a un vieux trapiche et plein de pamplemousses qui pourrissent sur le sol. Ici, l’eau monte régulièrement de plusieurs mètres. C’est littéralement envahi de moustiques qui nous piquent à travers les vêtements non-imprégnés. On arrive près d’une toute petite rivière. Bon, la pêche est un vrai fiasco, des petits poissons mangent toute la viande sur les hameçons mais on n’en n’attrape pas un seul !

ça ne mord pas du tout!

Alors on traverse la planche étroite un peu submergée qui traverse la rivière et on va chercher un gros citron et une canne à sucre dans le champs abandonné. David dégage un passage à la machette puis la prête aux garçons pour qu’ils coupent la canne. Il taille ensuite des morceaux très juteux et sucrés à mâchouiller.

maniement de la machette pour couper la canne

Comme il commence à faire sombre, on rentre au fleuve. Marius a un peu peur que Victor et sa pirogue nous ait oubliés… Lorsqu’on rentre au camp, les garçons ont le visage dévoré par les moustiques. On n’a rien pêché mais on mange quand-même du poisson-chat que le cuisinier a préparé dans des cannes de bambous cuites au four. On passe une belle soirée avec l’autre groupe et nos guides. En fin de repas, les guides viennent nous chercher car ils ont trouvé un pauvre serpent apeuré derrière la salle à manger. Il faut se coucher tôt car demain, petit-déjeuner à 6h et départ à 6h30. Donc on doit plier bagages ce soir tant qu’il y a de l’électricité !

Lundi 22 mai. Levés avant le soleil, les garçons sont grognons et Aloïs a maintenant l’autre œil tout enflé par une piqûre, heureusement que le gauche va mieux. On quitte le camp en bateau, la brume s’accroche à la végétation et aux montagnes du Bala, c’est très joli mais on est bien contents d’avoir nos vestes sur le bateau.

Aube sur le rio

Arrivée à Rurre

On arrive à Rurre et on attend un petit moment à l’agence avant d’embarquer en voiture pour la 2eme partie du séjour : 2 jours dans Las Pampas, la savane humide (bon, on dirait plutôt des marécages) propice à l’observation des animaux. Nous voilà partis pour 2h30 de piste détrempée, archi-boueuse. Les chinois ont obtenu le contrat pour construire la route, et creusent pour l’instant d’énormes trous à côté de la route pour y prendre la terre. Ensuite, ces trous se remplissent d’eau et provoquent des glissements et affaissements de terrains… Et les Boliviens embauchés sont exploités. Bon… On s’arrête pour voir des paresseux dans des arbres, dont deux carrément hyperactifs : l’un bouge deux fois la tête et l’autre mâche des feuilles.

un paresseux qui dort (le sac noir accroché)

un paresseux qui bouge!

On voit aussi beaucoup de sortes d’oiseaux qui picorent dans les champs détrempés, des vaches maigres qui dorment au milieu de la piste et des buffles bien coiffés. On entre dans la réserve nationale Las Pampas et on arrive au petit port de Tucuman, près de Santa Rosa. De là, on monte sur une pirogue et des dauphins roses viennent nager à côté de nous ! Ils sont gris quand ils sont petits puis deviennent roses en grandissant à force de manger des crustacés plein de béta-carotène (comme les flamands roses !) et vivent dans ces eaux douces. Tout est calme, la rivière Yacuma est très haute et déborde dans la végétation, il y a très peu de terre ferme visible.

sur la rivière Yucuma

Quelques dizaines de mètres plus loin, on a la chance de voir tout un groupe de singes-écureuils, les plus petits singes de la région ! David est très content car il faut parfois les chercher pendant des heures pour les apercevoir. Sous leur arbre, un long serpent vert nage puis s’immobilise, la tête dressée. C’est une espèce très venimeuse, et Hervé est un peu stressé… Le reptile finit par partir sans que les singes, qui sautent de branche en branche et viennent nous voir, curieux, ne s’aperçoivent de sa présence.

mono ardilla

Une vingtaine de minutes plus tard, nous arrivons à notre camp « Las Tortugas », composé de petites cabanes sur pilotis (car l’eau peut encore monter). C’est très joli, on a même une salle de bain (avec deux grenouilles) dans notre cabane !

Campamento Las Tortugas

notre cabaña

On va manger dans le réfectoire avec vue sur la rivière, Marius fait la grève de la soupe. Puis on remonte dans notre bateau. Le temps est très gris, pas très chaud, alors lorsqu’on arrive à l’élargissement de la rivière où sont regroupés plein de dauphins, on ne se baigne pas avec eux mais on les regarde du bateau et on leur jette un petit ballon, que l’un d’eaux emporte un long moment sous l’eau. On assiste aussi à une parade amoureuse aquatique.

morceaux de dauphins et remous

En ce moment, la rivière atteint jusqu’à 7m de profondeur, contre 2,5 en saison très sèche. Comme il y a très peu de terre ferme, les gros animaux (tortues, anacondas, caïmans) sont rares. Un peu plus loin, on aperçoit des singes hurleurs dans les arbres, des oiseaux bizarres : les serere, sorte de paons préhistoriques, des martins-pêcheurs, etc…

des sereres

En prenant un autre bras de la rivière, un petit alligator dort sur une berge, on accoste pour aller voir des capibaras, et un autre alligator s’enfuit dans l’eau juste devant les pieds de Hervé.

séance tarzan avec une liane

Puis on rentre car la nuit commence à tomber. David fait conduire les garçons qui sont très appliqués, ils manœuvrent le moteur tous seuls ! On ne sait pas trop comment fait le guide pour se repérer dans tous ces méandres.

Aloïs aux commandes

En repassant devant le coin où des gens se baignaient avec les dauphins un peu plus tôt, on aperçoit un beau spécimen de caïman au ras de l’eau…

Mardi 23 mai. On est réveillés à l’aube par un chœur de singes hurleurs (une peu les coqs du coin), puis on va petit-déjeuner. Le cuisinier a préparé des beignets en forme de bonshommes spécialement pour les garçons, mais Aloïs a un peu mal au ventre. On part ensuite à la pêche aux pirañas en pirogue. David essaie de trouver des endroits propices mais nos lignes piquées de morceaux de bœuf n’ont aucun succès, il y a trop d’eau !

pivert en vue!

ça ne mord toujours pas!

Comme on ne débusque pas non-plus de caïmans, bien qu’un très gros ait été aperçu hier dans le coin, David trouve une autre activité pour les garçons, plus universelle : il leur prête son téléphone avec un jeu dessus. C’est bien imprudent, dans la pirogue, mais ni Marius ni Aloïs ne le font tomber à l’eau. C’est à Hervé de manœuvrer entre deux bras de rivière, dans un passage étroit entre les arbres, et à la sortie, il fonce sur un arbre en plein milieu, causant une panique générale chez une famille de petits ratons établis dans un ancien nid (par chance, le nid n’est pas détruit). On rentre ensuite prendre notre dernier repas. Il fait gris, et le temps invite à la somnolence, tant chez les animaux, qui restent cachés, que sur le bateau qui glisse doucement sur l’eau…

passage secret

Après le repas, on repart vers le port, et Aloïs s’étale dans la boue au moment de monter dans le bateau… Une voiture nous attend au port pour nous ramener à Rurre. Les voyage est aussi cahoteux qu’à l’aller, ce qui n’empêche pas les garçons de faire une petite sieste sur le trajet. Arrivés à l’agence, on retrouve l’autre groupe, rentrés un peu avant : ils ont tous la tourista ! Aloïs n’est pas en reste, il vomit d’un seul coup sur le trottoir. On va à l’hôtel pour prendre une douche (chaude !) et je vais déposer du linge à la lavandería parce qu’on n’a plus un seul vêtement mettable, entre la boue et le reste… Aloïs se repose un peu, revomit un peu, puis on ressort en début de soirée et on va dans un petit bar-resto où Aloïs revomit un petit coup sur le trottoir. Comme il n’avait pas gardé le smecta, on lui donne un peu de coca-cola et il passe le reste de la soirée à faire le fou avec Marius et le petit garçon (très énergique) du bar !

Mercredi 24 mai. Aloïs est à peu près remis. On prend notre temps car la voiture de l’agence doit venir nous chercher à 12h30 pour nous amener à l’aéroport. Mais un peu avant 10h, l’agence nous appelle : il y a des bloqueos aujourd’hui, et ils ne pourront pas nous amener à l’aéroport, les pneus de leurs véhicules ont été crevés, ils ne peuvent même pas faire sortir leurs bateaux. Ah, chouette. Apparemment, le bloqueo est là pour protester contre une sombre histoire de distribution de carburant (on n’a pas tout compris, mais ici c’est bizarre, il n’y a presque pas de véhicules personnels, que des moto-taxis et des taxis ou colectivos, et d’ailleurs ils n’ont pas de plaques d’immatriculation. Il parait que c’est parce qu’ils font partie d’un syndicat exempté de taxes et de plaques, mais selon d’autres personnes, ce sont des véhicules de contre-bande). Bref, on doit aller au bureau de la compagnie Amaszonas (nos copains qui ne savent pas atterrir quand il pleut – toutes les agences de Rurre sont en mauvais termes avec la compagnie qui a presque le monopole des vols à La Paz) car ils ont un bus qui peut passer par miracle les bloqueos pour aller à l’aéroport. Le bus coûte 4 fois le prix d’un ticket de colectivo de La Paz. On plie bagage en vitesse, on va chez Amaszonas qui dit que le bus partira à 11h30. Je vais chercher le linge propre, on habille les garçons de frais (oui, ils sont encore en pyjama) et on attend en compagnie d’un couple d’australiens dont l’avion du matin a été annulé pour cause de nuages ! Finalement, le bus, nous amène à la cabane-aéroport. On voit un « grand » avion arriver, les gens en sortent et on leur annonce que le bus ne peut plus circuler et qu’ils devront marcher 20 min. Heu, je ne veux pas les décourager mais ça sera plutôt une grosse heure dans la boue et la chaleur humide avec leurs gros sacs !

Quant à nous, on embarque et nous voilà, 30 min et 3500m d’altitude plus tard, de retour à La Paz. Sous la pluie et dans le froid (« sibérien », me dira une petite vendeuse congelée). Et on constate dès l’arrivée qu’en une semaine, on a perdu un tas de globules rouges laborieusement acquises, on se temps bien raplapla ! Les garçons dorment dans le taxi qui roule dans des torrents d’eau qui dévalent la route en descente vers Mallasa et le camping-car.

L’Amazonie, c’est fini!

Pour la petite histoire, on ne sait pas combien de temps cette superbe région va rester intacte. Les gens de Rurre sont très remontés contre le président Evo Morales (dont le credo de campagne a toujours été la défense de la Terre et des communautés indiennes) et son gouvernement qui ont donné le feu vert à la construction d’un immense barrage aux portes du Parc Madidi, en amont de Rurre. Cela signifie la disparition à court terme des communauté indiennes implantées sur les rives, et, à plus ou moins long terme, cela représente une menace directe pour la ville de Rurre. Lorsqu’on voit que chaque année, les pluies et les diverses montées des eaux soudaines (le niveau du río est très fluctuant) arrachent des pans de roches et terre argileuse aux collines qui bordent les rives, on peut légitimement se demander comment un tel projet a pu être validé sur un sol aussi instable…

Jeudi 25 mai. Ce matin, on essaie de s’activer pour pouvoir partir en milieu de journée, mais on est fatigués, on a mal à la tête, il fait gris, froid, il pleut, et ça n’avance pas. En plus, on rencontre Marie, Manu, et leurs Martin et Emile qui voyagent en vélo (et Emile n’a que 7 ans !!!) et sont arrivés hier soir. On décide donc de partir demain de bonne heure. Les garçons jouent avec leurs nouveaux copains et vont manger des crêpes dans le petit appartement qu’ils ont loué (avec une cheminée !) pendant qu’Hervé et moi allons dîner au resto. Ensuite, Marie et Manu nous donnent leur paquet de sucre entamé, qui porte l’indication : « garanti sans travail infantile, sans travail forcé et sans discrimination »… ça c’est vendeur !

 

7 reflexions sur “Du 11 mai au 25 mai : de Kasani à La Paz, en passant par Rurrenabaque (146 km en CC ! – 23640 km parcourus)

  1. Gaëlle

    ça y’est j’ai rattrapé mon retard ! ça fait bien rêver la forêt amazonienne ! Et ça me parle drôlement ces nuées de bestioles inconnues et donc inquiétantes et cette moiteur permanente ! Tu sais que Elias a fait un exposé pour la classe de Marie sur le Laos (avec un Power Point que je lui avais fait, vidéo et son à l’appui, les gros moyens quoi…). C’était chouette !
    Je me demande dans quel état d’esprit vous êtes à quelques jours/semaines (?) du retour ! Pas évident j’imagine. Courage, on vous attend avec des apéros !

  2. Ememe Ka

    Quoi ? Vous auriez pu vous baigner avec les dauphins roses et vous êtes restés dans le bateau ! Ça va pas ou quoi ? Il faisait un peu frais… ben tiens, on s’en fout l’eau est bonne là-bas ! Dommage.
    Et sinon nous on se mettait qd-même de l’anti moustiques sur le visage parfois, mais c’était un produit brésilien, une crème pour enfant qui sentait le carambar, je crois que c’était pas trop agressif pour la peau. En tout cas, aucune des cabanes qu’on croisait n’avait de moustiquaires aux fenêtres, comme ce n’était que pour les locaux, j’imagine qu’ils sont habitués en effet, mais bon ça laisse qd-même passer les insectes venimeux. Tu peux dire à Aloïs et Marius que je viendrais les voir quand ils habiteront dans la Jungle, l’Amazonie, j’aimerais vraiment y retourner faire une petite descene de fleuve en bateau. Il y a pas de moustiques sur l’eau,quand on s’éloigne des berges, c’est l’avantage.

    Ps: monter 300 m en quelques dizaines de marches,… hum j’en reste dubitativre, à moins que les marges fassent plusieurs mètres de hauteur, dans ce cas, quelle galère ce doit être pour les enjamber…

    Allez gros bisous les aventuriers et à bientôt !

    1. Pauline

      Alors il faisait froid et très gris, l’eau était noire et les dauphins amoureux très agités… et pis 100 marches (oui les incas avaient visiblement des grandes guibolles) ça reste quelques dizaines, hein!

  3. Manue

    Non mais quelle aventure 😀 ça devait vraiment être quelque chose pour les petits cette plongée dans la jungle !! Plein de bisous !

    1. Pauline

      Oui ils ont beaucoup aimé, à tel point que quand ils seront grands, ils habiteront dans la jungle avec leurs amis pour protéger la nature (et ils ont gardé les bolivianos de leur porte-monnaie en prévision) 😉

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